ACE : la place de la jeunesse au cœur des thématiques de négociations

L’objectif porté par le RESES avec l’envoi d’une délégation d’étudiant.e.s aux négociations internationales est de défendre un plaidoyer sur l’éducation aux enjeux écologiques et solidaires et de promouvoir l’équité intergénérationnelle face à la crise climatique. Cette délégation permet de porter la voix du monde étudiant et d’y assurer sa représentation. Ces sujets concernent la thématique d’Action for Climate Empowerment (ACE) car elle invite les Etats membres à discuter des moyens à mettre en place matériellement et financièrement ainsi qu’à réfléchir pour mieux publier et échanger des informations sur les enjeux climatiques afin que les populations les plus vulnérables puissent être valorisées et réagir vis-à-vis du climat. 

Kesako ? 

Action for Climate Empowerment est un item de négociation transversal intégré dans le programme de travail de Doha qui s’étale de 2012 à 2020  puis renouvelé au sein du programme de travail de Glasgow de dix ans (2021-2031).  Ces négociations ont lieu sous l’égide de l’organe subsidiaire de mise en œuvre dit ‘SBI’ qui se réunit en juin pendant les Intersessions et pendant la première semaine de la COP.  Actuellement, s’est ouvert à Charm-el-Cheikh, la 57ème session des SBI en accord avec  l’article 6 de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui vise à réduire l’impact du changement climatique en permettant à la société de faire partie de la solution,  renouvelé par l’article 12 de l’Accord de Paris qui engagent les parties à prendre des mesures pour améliorer des aspects précis ayant trait à l’éducation et la formation aux enjeux climatiques.  

La thématique ACE se décline selon six angles d’actions : l’éducation et la sensibilisation du public au changement climatique, la formation, la participation du public, l’accès du public à l’information et la coopération internationale sur ces questions.  L’objectif global de ACE est de donner à tou.te.s les membres de la société civile les moyens de s’engager dans une action en faveur du climat. La réunion de ces six éléments est cruciale pour adresser une réponse complète à la crise climatique. Toutes et tous sont concerné.e.s par les enjeux actuels dont particulièrement la jeunesse, et sont amené.e.s à participer à la transition vers un système mondial résilient et peu émetteur de GES (gaz à effets de serre)  Cet item est dit transversal puisqu’il propose des mécanismes pour former une large collaboration entre tous les acteur.trice.s et secteurs de la société. Il engage à sensibiliser, former et mettre en place des plans d’action pour que toutes et tous puissent accéder à des modes de vie, de consommation et de production  plus durables. 

Etat des lieux avant  la COP 27 

Lors de la COP 26, quatre domaines prioritaires ont été décidés pour aborder les lacunes et les défis de la mise en œuvre des six éléments du ACE et accélérer cette mise en œuvre dans le cadre du programme de travail de Glasgow. Premièrement, il faut renforcer la coordination des travaux sur ACE aux niveaux international et national. Deuxièmement, créer des partenariats qui rassemblent l’expertise, les ressources et les connaissances, puis, améliorer l’accès aux outils et au soutien pour le renforcement des capacités et la sensibilisation. Enfin, consolider le suivi, l’évaluation et les rapports de tous les éléments de ACE  à tous les niveaux. 

D’après le dernier rapport de synthèse des Contributions Nationales Déterminées (NDCs) relatif à l’Accord de Paris, presque tous les membres de la CCNUCC (97%) ont fourni des informations sur l’utilisation d’un ou plusieurs éléments de ACE pour promouvoir la mise en œuvre d’activités d’atténuation et d’adaptation. Dans les nouvelles NDCs, les membres communiquent plus clairement et plus en détails sur les principes généraux, les réalisations passées, les engagements futurs, et les besoins et lacunes en matière d’Action pour l’Autonomisation sur les questions climatiques. Un plus grand nombre de membres se réfèrent explicitement au mécanisme ACE comme un moyen nécessaire de mobilisation et de responsabilisation de la société pour atteindre les objectifs d’atténuation et d’adaptation décrits dans leurs NDCs. 

A LA COP 27

Les négociations autour de la thématique Action for Empowerment ont abouti à un texte peu ambitieux car l’absence de financement rend flagrante l’inefficience et le risque de non-implémentation des grandes directives énoncées. Elles se sont déroulées pendant cinq jours selon l’agenda de la COP (cf. session SBI expliquée ci-dessus), ce qui a rendu difficile la publication d’un accord. Cette course contre la montre s’est révélée autour des points d’indécision dont notamment celui des droits humains, le Canada et les Etats Unis soutenant un texte qui mentionnait l’item à la fois dans le préambule et dans les articles, ce à quoi d’autres Etats se sont opposés, menant les discussions vers des des réunions plus informelles auxquelles la délégation, observatrice, peut difficilement assister. Le texte abouti met donc en place un plan ACE sur quatre ans qui doit être finalisé pour la COP 31, d’ici 2026. Celui-ci met en avant le fait que ACE doit désormais être un levier central de la lutte contre le changement climatique et incite les pays à mettre en place des programmes d’éducation à ces enjeux dont notamment pour la jeunesse avec des actions immédiates et sur le court terme.. 

La place de la société civile lors des négociations a été marquante dont une de ses  constituantes :  YOUNGO, dans laquelle se trouve le RESES et qui rassemble des ONG jeunes de la COP.  Iels ont travaillé d’arrache-pied tous les jours pour se relayer pour pouvoir trouver une place dans les réunions informelles et prendre des notes. Ces informations étaient alors partagées sur un canal whatsapp avec plein de jeunes où collectivement, tous et toutes pouvaient réfléchir aux stratégies de négociations du jour et une lettre ouverte était alors envoyée aux délégations pour essayer d’influer sur certains points du texte. Cette méthode s’est révélée précieuse pour les enjeux des outils d’éducation,  sujet porté par YOUNGO qui consiste à  favoriser comme ligne directrice l’éducation dont notamment celle des plus jeunes, est finalement passée dans le texte. 

Toutefois, il ne faut pas oublier de souligner que ACE est un sujet marginalisé au sein des COP tout comme la thématique du genre et la COP 27 ne change pas la donne. Pourtant la place de la jeunesse ainsi que les autres pans de la société mis de côté lors des négociations est crucial pour la cohésion sociale et la prise de conscience collective. Il serait important de pouvoir insérer ces acteur.rice.s dans les décisions prises car iels ne doivent pas simplement être pris.e.s en compte dans la thématique ACE. Ce besoin apparaît d’autant plus essentiel au regard du discours des politiques, décideurs et négociateurs qui lors de discussions avec les jeunes justifient de leur action parfois partielle ou peu ambitieuse par des arguments aujourd’hui bien connus des jeunes. Entendu de nombreuses fois à cette COP les fameux “c’est à vous d’agir”, “en tant que leader.eu.s de demain nous attendons vos idées”, “l’action politique ne peut venir sans un changement important du côté de la demande, mobilisez-vous, portez votre voix et vos réclamations à vos représentants afin que nous décideurs, puissions ensuite réfléchir et agir pour répondre à ces besoin”. Bien qu’un effort doit être souligné concernant l’inclusion croissante de la société civile dans les négociations, notamment par le travail des président.e.s des deux organes subsidiaires de la CCNUCC ces trois dernières année, il semble que la COP 27 n’aura pas encore été le témoin d’un revirement dans les tentatives tardives et timides de la génération qui nous précède à agir avec ambition et avant-gardisme. 

Durant la COP 27, la présidence égyptienne a organisé le jeudi 10 novembre un événement intitulé Journée de la jeunesse et des générations futures. Cette journée est consacrée à faire participer les jeunes et faire en sorte que leurs points de vue soient pris en compte et reflétés dans tous les domaines de l’agenda climatique. Rappelons que c’est également la première fois que se tient un Forum pour la Jeunesse engagée pour le climat au sein de la COP.  Enfin, le 15 novembre s’est tenue une Journée sur ACE et la Société Civile, consacrée à l’engagement de la société civile et à la prise en compte de ses points de vue et de ses perspectives de manière significative.

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Rédigé par Maia