Retour sur notre Afterwork #2 à Lyon – Les métiers du tourisme responsable

Le lundi 13 Janvier à Lyon a eu lieu le deuxième afterwork de la période 2019/2020. Cet événement dédié à l’insertion professionnelle se concentrait cette fois-ci sur les métiers du tourisme durable.

Le tourisme durable ? Kézako?

Le tourisme est un secteur toujours plus porteur au niveau planétaire car il englobe différents acteurs tels que l’hôtellerie, la restauration, la culture, les transports ou les loisirs dans leur globalité. Le secteur du voyage et du tourisme contribue pour plus de 9% au produit intérieur brut mondial et croît de manière exponentielle avec une croissance annuelle d’environ 6%. A titre d’exemple, 1,4 milliard de personnes ont passé au moins une nuit dans un pays étranger en 2018. Pour le secrétaire général de l’Organisation Mondiale du Tourisme, Zurab Pololikashvili : « La croissance du tourisme ces dernières années confirme que le secteur est aujourd’hui l’un des moteurs les plus puissants de la croissance et du développement économique ». Or, cet essor impacte négativement l’environnement et la société : le secteur du tourisme serait responsable de 8% des émissions de gaz à effets de serre d’après la revue Nature Climate Change en 2018.

Certaines formes de tourismes responsables ont donc émergé : écotourisme, tourisme solidaire, équitable, slowtourisme etc… Toutes ses variantes ont pour point commun de respecter les ressources culturelles et naturelles, les populations locales et le développement de l’économie locale.

Le secteur du tourisme se transforme et évolue. Mais dans quel sens? Comment y accéder ? Quels en sont les enjeux ? Quels en sont les risques et les opportunités ?

Pour répondre à ces questions, nous avons accueilli à la maison des étudiants de 18h30 à 21h:

  • Gaëlle VANAUDENHOVE, Chef de Réception et représentante du label d’éco-tourisme Clef Verte à Mariott Hôtel
  • Baptiste LACATON, Réceptionniste de nuit, Alter’Hostel
  • Antoinette MARTIN-LISE, Directrice de l’école supérieure de tourisme, l’IEFT
  • Kevin TESSIEUX, consultant chez Vatel et directeur associé PADUS

Cet afterwork a débuté par une table ronde composée des professionnelle.e.s présenté.e.s ci-dessus, animée par Margot Gragez, bénévole au REFEDD depuis septembre. Le public, composé d’étudiant.e.s en tourisme, en hôtellerie, et en écologie mais aussi, de curieux.euses et de personnes en reconversion professionnelle, n’a pas hésité à poser des questions tout au long de la table ronde afin d’approfondir l’échange. Ensuite, nous avons enchainé sur un moment plus convivial autour du buffet fait maison où les questions ont fusé.

Ce qui ressort de l’échange :

La table ronde était composée de quatre profils, opinions et parcours différents qui ont permis d’alimenter le débat. Globalement, on note une prise de conscience globale et généralisée que ce soit à l’échelle des entreprises ou à la demande des étudiant.e.s comme nous le rappelle Antoinette. La directrice de l’école de tourisme a ressenti une “bascule” ces dernières années mais pas seulement sur le plan environnemental: également et surtout au niveau social. Pour ce faire, l’école essaye de respecter la demande, notamment en faisant attention aux offres de stages proposées. Antoinette Martin-Lise montre d’ailleurs que la plupart des missions confiées aux stagiaires sont souvent liées au développement durable. Mais ceci montre également un problème d’envergure : il n’y a pas ou peu de postes dédiés à l’éco et/ou socio-responsabilité dans le tourisme. Par exemple, Gaëlle, garantit l’éco-responsabilité au Mariott à travers le label Clef Verte de manière bénévole, en plus de ses missions de cheffe réceptionniste. Et ce, depuis 2011, où annuellement les 178 critères du label doivent être remplis et appliqués.

Pourquoi ça ? Est-ce que devenir plus responsable engendre des coûts rédhibitoires ? Pas forcément pour Baptiste Lacaton , représentant de l’auberge de jeunesse alternative, Alter’hostel. Pour lui au contraire, adopter un management durable qui préserve les valeurs humaines, sociales et environnementales permettrait de baisser les coûts. Par exemple, à l’Alter’Hostel, la lessive est faite maison, tout comme la petite restauration. Aussi, les quantités sont limités, les distances de livraison minimisées, la plupart des services sont internalisés etc… Résultat : les coûts sont minimisés. Toutefois, Baptiste est conscient des limites existantes entre solidarité/environnement et économie. L’auberge alternative est partisane des “Nuits suspendues” : des dons allant de 3 à 100€ qui permettent l’accueil de personnes qui ont besoin d’un logement. Or, Baptiste rappelle que si tout le monde donnait 15€ avec le même nombre de personnes qu’ils accueillent sous ce programme, ils seraient en déficit. Il faut donc être conscient de cette limite, et s’organiser pour ne pas la franchir. Pour autant, Baptiste est convaincu que le développement durable n’empêche pas l’économie alors que l’inverse est possible.

Pour Kevin Tussieux, professeur à Vatel et directeur associé d’une agence de conseil dans le tourisme, il est important de ne pas tomber dans les extrêmes afin de ne pas culpabiliser le ou la client.e et de lui laisser le choix. Et ce, tout en mettant en avant des actions pour le/la sensibiliser. Il faudrait trouver le juste milieu. Idée approuvée par tous et toutes puisque tout demeure une question d’équilibre. Toutefois, Baptiste avertit sur la limite du choix ? Jusqu’où devons-nous le laisser ?

Sur ce, un des participants s’est demandé, comment sensibiliser les salarié.e.s ? Pour l’Alter’Hostel c’est simple puisque c’est une scop (société coopérative) : chaque salarié.e a une voix. A l’IEFT, les salarié.e.s sont relativement sensibilisé.e.s aussi puisque l’école est une association. Toutefois au Mariott, cela s’avère plus compliqué. L’opérationnel prend tellement de place au quotidien qu’il est difficile pour les salarié.e.s de se rendre compte des enjeux sociaux et environnementaux qui incombent. Certain.e.s ne savent même pas que leur hôtel est labellisé en tant qu’établissement éco-touristique. Or, Gaëlle fait en sorte de faire rentrer l’éco-responsabilité dans la culture d’entreprise. Par exemple, elle a poussé ce sujet dans son discours lors des vœux de l’entreprise qui rassemblait la direction et les employés, espérant que l’année 2020 serait plus solidaire, écologique et responsable.

Sources :

Article rédigé par Myllane Kébir, animatrice réseau pour le REFEDD à Lyon.