Focus COP 26 – Climat, Covid et capitalisme : pourquoi il nous faut un Green New Deal mondial ?

La conférence du 15 novembre de « From the Ground Up » organisée par la Coalition COP26 a permis de présenter différentes visions de ce que serait un « Green New Deal » et de proposer des raisons et des moyens de lutter contre le système capitaliste.

Les différents enjeux du Green New Deal

Le Green New Deal serait une transformation totale du système économique, politique, social afin de le rendre durable, notamment dans sa manière de fournir de l’énergie et de la nourriture. Les citoyen·ne·s du monde réclament un système contrôlé par le peuple et non par les multinationales qui cherchent le profit à tout prix. Il ne s’agit pas de trouver un chemin unique pour « sauver le monde » mais d’ouvrir les voies du possible et d’encourager les différentes actions et mouvements qui vont dans ce sens. De plus, cette transformation ne doit surtout pas aggraver la situation dans les pays en développement ou accroître les inégalités mais permettre de réimaginer un monde de partage et de solidarité.

« Le Green New Deal est une métaphore pour des actions ambitieuses »

Seb Ordonez, War on Want

Selon le Dr Sivan Kartha(1), le point commun à l’origine de toutes les dérives et tragédies dans l’histoire des civilisations est le problème des inégalités. L’origine du problème est que les élites qui consomment, utilisent les ressources et exercent le plus de pouvoir sur le monde sont aussi celles qui sont isolées des impacts de leurs actions. Elles ignorent les conséquences de toute la pollution et la pression sur l’environnement qu’elles engendrent.

D’après la Dr Vasna Ramasar(2) , les trois principales mesures qui serait à la base de ce Green new deal sont :

  • Arrêter de vivre au-delà des limites écologiques de la planète ;
  • Rendre le pouvoir au peuple et non aux riches multinationales ;
  • Repenser ce que signifie « avoir une belle vie », cette idée est ensuite appuyée par l’auteure Kate Aronoff qui dénonce l’abondance caractéristique des Etats-Unis qui ne rend pas les gens plus heureux et favorise les inégalités.

En effet, il faut reconnaître la richesse et la diversité du monde sans forcément chercher une solution unique mais en commençant par reconnaître nos erreurs et l’injustice du monde dans lequel on vit.

La scientifique et activiste Dipti Bhatnagar présente son travail au sein l’ONG Friend of The Earth International basée au Mozambique et met en avant les fausses solutions au problème climatique contre lesquelles elle lutte. Ce projet international porte sur la justice climatique et l’énergie. Elle se bat aussi pour le droit de dire « non » au désastre et à la destruction qui arrivent sur leurs terres ou dans leurs régions et contre lesquels ils·elles se sentent souvent impuissant·e·s face aux grandes sociétés. De plus, ils·elles réfléchissent à des sujets plus politisés comme le néocolonialisme, le racisme, la patriarchie, le capitalisme, la place de la femme dans les travaux de soins et d’entretien, la solidarité, etc. afin d’imaginer un monde futur.

Des alternatives aux systèmes économiques et politiques actuels

Comment changer le système actuel ? En effet, il est très difficile aujourd’hui d’imaginer des alternatives. On est souvent enfermé dans cette idée que le monde ne peut pas changer et qu’il est impossible de faire bouger les choses. Pourtant, il y a beaucoup de chemin à faire et de combats à mener. Il est indispensable qu’on sorte de cette illusion de l’impuissance et qu’on continue à créer des mouvements de lutte pour la justice climatique et à entreprendre des projets qui amélioreront la société. Il faut prouver à ceux qui pensent que le changement est impossible qu’ils ont tort. 

Le sentiment d’impuissance

La Dr Vasna Ramasar présente sept de ces actions à mener pour commencer à transformer la société. Elle commence par encourager le monde à reconnaître que nous vivons dans un monde capitaliste, raciste, patriarcal, anthropocentriste et injuste. Elle souligne ensuite la nécessité de changer le modèle économique et de changer le système de taxes qui profitent aux riches entreprises. Il faut aussi réfléchir à différents éléments comme les dettes financières des États mais aussi les dettes climatiques, la reconnaissance du travail difficile que les femmes réalisent au foyer et il faut repenser notre manière de consommer et de jeter. Il est rappelé que 10% des plus riches sont à l’origine de la moitié de la croissance en émissions de GES. Selon le Dr Kartha, il faut changer le système politique pour pouvoir ensuite changer le système économique.

Un monde plus solidaire

Les États et les entreprises qui ont le pouvoir ne vont pas l’abandonner aussi facilement. Pour Dipti Bhatnagar, le pouvoir devrait être au gouvernement, qui représente le peuple et doit prendre soin de la population et non des gros pollueurs. Il faut reprendre le pouvoir et renforcer la démocratie puis construire le monde sur des bases solides de solidarité et d’humanité.

Si tout le monde faisait preuve de plus d’empathie et réalisait que chacun·e existe grâce aux autres et que chaque humain est intrinsèquement lié aux autres, alors moins de peuples souffriraient de pauvreté et de mauvaises conditions de vie. Si on pense que notre vie a de la valeur, alors on doit reconnaître que celle des autres en a aussi et on doit les aider à vivre dans de bonnes conditions.

Il s’agit de laisser de côté l’individualisme et le consumérisme et de réaliser que nous sommes interconnecté·e·s par notre environnement et prendre aussi compte du reste du vivant non humain. C’est le concept de la philosophie africaine désigné par le mot « ubuntu ». Il faut construire sa vie autour de l’espoir et croire en l’humanité. 

Quelle démocratie pour un avenir durable ?

Pour conclure, suite à l’élection de Joe Biden dont ils se réjouissent, le Dr Kartha et Kate Aranoff proposent des mesures pour renforcer la démocratie aux États-Unis qui selon eux a perdu son vrai sens. Il faut réformer la manière dont les campagnes sont financées, réformer le système électoral pour prévenir l’abstention qui touche notamment les communautés de couleur et changer le système d’élection via les grands électeurs qui est biaisé.

Ainsi, beaucoup de réflexions sont menées sur le système capitaliste, sur le renforcement de la démocratie pour rendre le pouvoir au peuple mais aussi et surtout, sur la solidarité et les valeurs sur lesquelles on doit s’appuyer. On doit garder espoir et prouver que le changement est possible.

Article rédigé par Cécile Tassel, bénévole au REFEDD, membre de l’équipe qui suit l’actualité en lien avec la COP26.

NDLA : Je m’excuse de ne pas avoir pu transcrire dans ce texte le point de vue de l’Amérique Latine représenté par Enrique Viale, consultant et spécialiste en politique et législation environnementales, car je n’ai pas eu accès à la traduction de l’espagnol.

De plus, outre le fait que cela cause un problème majeur de plus à gérer pour les diférents pays, la crise sanitaire de la pandémie du COVID a été très peu discutée c’est pourquoi elle n’est pas évoquée dans cet article

Intervenant·e·s de la conférence :

  • Dr Sivan Kartha – co-auteur principal au GIEC et de A Civil Society Equity Review (Stockholm Environment Institute)
  • Enrique Viale – Pacto Ecosocial del Sur (Avocat environmental, Argentinian Association of Environmental Lawyers)
  • TBC – Red New Deal (Red Nation)
  • TBC – Africa Climate Justice Convergence
  • Vasna Ramasar – Global Tapestry of Alternatives (Lund University Centre for Sustainability Studies)
  • Kate Aronoff – US Green New Deal (rédactrice dans The New republic, auteure)

Une conférence organisée en collaboration avec : Global Green New Deal, War on Want, The Leap

Références :

(1) : Muttitt, Greg & Kartha, Sivan. (2020). Equity, climate justice and fossil fuel extraction: principles for a managed phase out. Climate Policy. 20. 1-19. 10.1080/14693062.2020.1763900

(2) : Darren McCauley, Vasna Ramasar, Raphael J. Heffron, Benjamin K. Sovacool, Desta Mebratu, Luis Mundaca, Energy justice in the transition to low carbon energy systems: Exploring key themes in interdisciplinary research, Applied Energy, Volumes 233–234, 2019, Pages 916-921, ISSN 0306-2619, https://doi.org/10.1016/j.apenergy.2018.10.005.

Pour aller plus loin sur la raison de l’inaction face aux gros enjeux de notre temps :

Pour aller encore plus loin sur la pensée écologique et la nécessité de changer notre manière de vivre :

https://www.canopee12.fr/files/DOCUMENTS/Propositions_pour_un_retour_sur_Terre.pdf