Alors que le secteur du numérique est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre dont un quart imputable aux data centers, le Sénat alerte, dans un nouveau rapport, sur l’empreinte carbone de ces centres de données, où de grandes quantités de données sont stockées, traitées et transférées. Le fort développement des usages et des services du numérique, comme le cloud computing (ou “informatique dématérialisée”) a en effet des conséquences non négligeables sur l’environnement.
D’où vient la pollution numérique ?
La pollution numérique est la pollution liée à l’impact de l’ensemble des nouvelles technologies du numérique. De la recherche Internet, à l’envoi d’un mail en passant par l’utilisation d’une plateforme de streaming, toutes ces activités nécessitent une quantité importante d’énergie et génèrent des émissions de gaz à effet de serre.
Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), alors que la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur numérique est due à la fabrication des équipements informatiques (smartphones, ordinateurs, tablettes…), l’autre moitié est imputable au fonctionnement du réseau Internet (transport, stockage et traitement des données, fabrication et maintenance réseau…). Ce réseau n’est pas immatériel : il s’appuie sur des infrastructures physiques appelées des data centers (ou centre de données), composés d’équipements informatiques (ordinateurs, serveurs, routeurs, câbles…). Ces data centers sont utilisés pour stocker, traiter et transférer de grandes quantités de données.
L’impact environnemental des data centers
Si la fabrication des équipements informatiques nécessite l’extraction de métaux rares et requiert une quantité importante d’énergie, l’alimentation de ces technologies fait également grimper le coût énergétique. En France, 10% de l’électricité produite est consommée uniquement par des data centers, et entre 40 à 50% de cette consommation est due à la climatisation et aux systèmes de refroidissement
Avec l’augmentation du nombre d’internautes, le développement de notre consommation personnelle de données mais également le développement de nouvelles technologies (l’Internet des Objets, l’Intelligence Artificielle…), nos besoins en stockage de données et donc en data centers augmentent considérablement. La France compte désormais environ 200 data centers, soit 20 fois plus qu’il y a deux ans. Plus de 90% des données disponibles aujourd’hui ont été générées entre 2015 et 2017, et ce volume d’information double tous les deux ans. De ce fait, la consommation en énergie pour stocker et traiter ces données ne cesse de s’accroître.
Vers des “green data centers” ?
Pour diminuer la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre que génèrent ces centres de données, certaines entreprises et sociétés spécialisées développement des solutions moins gourmandes et plus respectueuses de l’environnement :
- Alimenter les data centers grâce aux énergies renouvelables et notamment les énergies géothermiques ou hydrauliques. Johan Falk, chercheur au Centre de résilience de Stockholm constate, dans un rapport co-écrit en 2018, que le passage aux seules énergies renouvelables permettrait à l’industrie numérique de réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre :
- Utiliser l’environnement extérieur pour refroidir naturellement les data centers. Appelée plus communément le “free cooling”, cette méthode consiste à utiliser la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment pour alimenter le système de refroidissement. Elle permet d’utiliser l’air extérieur en journée et d’évacuer la chaleur la nuit pour refroidir les serveurs tout au long de la journée. Certaines entreprises optent pour des solutions plus radicales en délocalisant leur centre de données dans des pays froids ou en immergeant leurs serveurs sous l’eau.
- Valoriser la chaleur générée par les data centers en l’utilisant pour chauffer d’autres bâtiments ou structures. La piscine de la Butte-aux-Cailles, à Paris, est la première à être dotée d’une chaudière numérique. Dans son sous-sol, elle accueille des serveurs qui transfèrent la chaleur dans les bassins intérieurs et extérieurs. Le système couvre entre 8 et 10% des besoins de consommation de la piscine. En évacuant la chaleur, le data center fait lui aussi des économies d’énergie car il n’a plus besoin de système de climatisation pour refroidir ses équipements.
Pour réduire l’impact énergétique et écologique de ces centres de données, il est également temps de s’interroger sur notre consommation personnelle de données. Utiliser de manière raisonnée le réseau Internet et nettoyer régulièrement ses données (boîte mail, cookies, Cloud…) sont autant de moyens afin d’agir pour une sobriété numérique.
Article rédigé par Pauline Millecamps, bénévole au REFEDD