Convention Citoyenne pour le Climat : les 150 appellent Macron à respecter ses engagements !

Au moment du premier anniversaire de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), les tensions se creusent entre E.Macron et les citoyen.nes de la Convention. L’inquiétude se fait de plus en plus sentir face aux renoncements successifs de l’Exécutif à appliquer les propositions. 

Lundi 29 juin au Palais de l’Elysée – Réponse de Macron aux citoyen.nes de la CCC

Macron interpellé pour renouveler son engagement

Lundi 12 octobre, les citoyen.nes de la Convention pour le Climat ont interpellé le Président sur son soutien en faveur des propositions de la Convention. Ils lui ont adressé une lettre dans laquelle ils l’appellent à réaffirmer son « engagement formel » et à renouveler son « envie ferme de faire aboutir » leurs propositions. 

Dans la foulée, une dizaine de citoyen.nes membres de la CCC ont donné mercredi 14 octobre, devant l’Assemblée nationale, une conférence de presse intitulée « Les citoyen.nes de la CCC ne s’accommodent pas des renoncements du gouvernement ! ». Lors de cet événement, les citoyen.nes ont accusé le gouvernement de « détricoter » les mesures de la Convention et ont annoncé la création prochaine d’une Commission chargée d’assurer le suivi des 149 propositions. 

Cette mobilisation citoyenne fait suite à un mouvement de recul de la part du gouvernement qui semble de plus en plus frileux à la mise en œuvre de ce projet. 




Lundi 12 octobre – Lettre des citoyens de les CCC à E.Macron

Un débat qui se crispe : “Jokers” et “détricotage” des propositions

Tout a commencé le 29 juin dernier, lorsque E.Macron rencontre les 150 pour leur affirmer son appui, et s’engager à reprendre les propositions dans leur totalité. Enfin, pas tout à fait. Il utilisera son droit de veto sur trois d’entre elles, et notamment sur la proposition de taxer des entreprises distribuant des dividendes pour financer la transition écologique. Il promet alors d’appliquer les 146 autres propositions « sans filtre ». Cependant, à l’étude des faits, il semblerait que la liste de ces trois « Jokers » ne cesse de se rallonger. Seraient-ils alors les prémices d’une politique de pas en arrière ?

Ainsi, malgré un discours du président de la République favorable à la Convention, les déclarations ministérielles semblent indiquer que d’autres renonciations sont possibles. Ce fut le cas la semaine dernière, avec le rejet de mesures par la Commission des finances telles que, la taxe sur les engrais azotés, la révision de l’indemnité kilométrique (pour ne pas favoriser les véhicules les plus émetteurs) et la baisse de la TVA sur le train. 

Les prises de position parfois contradictoires au sein même du gouvernement ajoutent de l’huile sur le feu à un climat sous tension et la confiance s’amenuise entre les citoyen.nes et l’Elysée.

On constate que le débat se concentre principalement sur 8 thématiques sensibles

  • La demande de moratoire pour le déploiement de la 5G de la Convention. E.Macron n’a pas caché son hostilité avec des critiques virulentes sur le « modèle Amish » et le « retour à la lampe à huile ». 
  • La fin des liaisons aériennes pour les trajets faisables en train en moins de quatre heures 
  • L’interdiction de la construction de nouveaux aéroports et l’extension de ceux qui existent
  • La baisse de la TVA sur les billets de train
  • La création d’un crime d’écocide 
  • La régulation de la publicité sur les produits très polluants 
  • La création d’un critère de poids dans le malus écologique pour les automobiles
  • L’augmentation de « l’éco-contribution » du transport aérien. 

La réintroduction des néonicotinoïdes pour la culture des betteraves sucrières est le dernier symbole en date de cette politique. Au total, ce sont près d’une vingtaine de mesures abandonnées par le gouvernement, selon Greenpeace. 

Par ailleurs, l’engouement suscité par la Convention Citoyenne du Climat se heurte aujourd’hui à une réalité conjoncturelle. La crise sanitaire et économique pourrait retarder l’application des propositions de la Convention et avoir un impact significatif sur la transition écologique



Janvier 2020 – Intervention d’E.Macron devant les membres de la CCC

La réaction du gouvernement face aux critiques 

En réponse à la lettre écrite par les citoyen.ne.s de la Convention, E.Macron s’est exprimé le même jour et a déclaré : « Près d’un an après le lancement de votre convention, la crise sanitaire que traverse notre pays n’a en rien affaibli ma volonté d’agir ni celle du Gouvernement, car la crise climatique n’a pas disparu ». 

Ces paroles sont ensuite suivies d’une énumération de mesures déjà mises en œuvre ou en cours d’application. Une trentaine au total, de l’interdiction des terrasses chauffées, à la circulaire sur l’aménagement commercial, en passant par le soutien à la rénovation énergétique. Il annonce également qu’un tableau de bord verra le jour prochainement. Enfin, il confirme la création d’un projet de loi, attendu en décembre pour le cinquième anniversaire de l’accord de Paris, qui devrait contenir environ 40% des propositions de la Convention.

Il précise encore : « Certaines de vos mesures méritent des ajustements (…). Parfois, elles nécessitent une temporalité différente de celle que vous proposez, simplement parce que c’est la condition de leur réussite économique, sociale et écologique (…) ». La question qui reste en suspens est de savoir dans quelle mesure ces « ajustements » seront effectués et s’ils répondront aux attentes des 150.

Ce qui est sûr, c’est que ce sont les mesures prises dans leur globalité qui permettront d’atteindre l’objectif de la CCC. À savoir, la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en France. Or, le détricotage progressif de ses propositions réduit considérablement les chances d’atteindre ce but.  

Article rédigé par Bérénice Rolland, Bénévole du REFEDD

Sources

Pour aller plus loin