En mai 2021, le REFEDD (Réseau Français des Étudiants pour le Développement Durable) est devenu le RESES (Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire). Quel a été le cheminement du bureau du conseil d’administration, des salarié·e·s et des volontaires en service civique ? Revenons en arrière !
Le développement durable et ses objectifs controversés
Depuis plusieurs années, la notion de développement durable est largement utilisée en tant qu’argument politique et moteur pour des mouvements écologistes forts. Aujourd’hui ces mots ont été débattus à de nombreuses reprises et la signification du développement durable ainsi que ses objectifs sont controversés.
Ce débat n’a pas échappé au réseau et un long processus de réflexion a été mené, qui a abouti à une décision de changer son nom. D’où vient ce concept et que signifie-t-il ?
Qu’est-ce que le « développement durable » ?
Le principe de développement durable apparaît pour la première fois dans le rapport « Notre avenir à tous » de 1987 (Nations Unies, commission Brundtland). C’est alors que naît la définition que nous connaissons tou·te·s : le développement durable est un mode de développement « qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Cette façon de penser est nouvelle et prometteuse. Elle se répand et se politise. Des mouvements écologistes conséquents se construisent autour de ce principe.
Cependant, l’utilisation du développement durable dans la politique gouvernementale et par des organismes influents, à des fins qui ne sont pas toujours si respectueuses de l’environnement, font réfléchir des écologistes impliqué.e.s sur la pertinence de l’utilisation de ce principe comme base de leurs mouvements.
En effet, le développement durable n’exclut pas une « croissance infinie dans un monde pourtant fini » (dérivé de la citation de Kenneth Boulding « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer pour toujours dans un monde fini est soit un fou, soit… un économiste. »). Sa définition serait trop vague et encouragerait certaines déviances du système actuel comme la « croissance infinie ». De nombreux·ses écologistes remettent en question la légitimité de ce concept dans la lutte environnementale. Le principe aurait dérivé de ses objectifs initiaux ou n’aurait jamais collé avec les valeurs et les objectifs des militant·e·s pour un monde de demain plus sain.
La seconde remarque vient de la perte de la connotation critique de l’expression « développement durable ». En effet, elle a été tellement médiatisée et politisée qu’elle a selon nous perdu son ambition de remise en cause du système actuel. Les gouvernements et l’ONU ne semblent pas être prêts à changer cette société de la croissance infinie et parfois même se cachent derrière ce terme (DD). Il est utilisé à chaque convention internationale comme dans l’article 6 du protocole de Kyoto. Mais cela ne reflète aucune réalité et actions concrètes.
Le développement durable semble s’être substitué à la réflexion critique portée sur la croissance économique, en englobant une certaine dimension écologique. De nombreux·ses intellectuel·le·s, portant initialement le projet de développement durable, s’en détachent. Par ailleurs, cette récupération linguistique est aussi opérée par les entreprises. Ces dernières offrent souvent des publicités pour vanter leur contribution au développement durable, quand leurs produits sont peu écologiques.
Ce terme est donc devenu trop lié à une seule frange de l’écologie, dans laquelle le REFEDD ne se retrouvait plus en intégralité. Il est alors apparu problématique que le développement durable continue de constituer notre identité première : c’est la raison pour laquelle un processus de changement de nom a été initié.
Notre démarche
Puisque que notre réseau doit incarner le changement que nous voulons voir dans le monde, il a été important de construire une démarche inclusive et participative afin de valider ou non le changement de nom de du réseau. En effet, un tel changement a nécessité de faire participer toutes les parties prenantes et d’établir une stratégie claire en intelligence collective.
Ainsi, tout au long de l’année 2020, le bureau du REFEDD a entamé un travail important de consultation d’avis auprès des associations membres, de l’équipe et des bénévoles, afin de recueillir un maximum de points de vue sur le changement de nom. Les premiers débats ont été réalisés au conseil d’administration en février 2020 pour lister les avantages et les inconvénients de cette décision pour le réseau mais aussi comprendre la remise en cause du terme développement durable. Cela a été couplé par un atelier d’intelligence collective avec les salarié·e·s et les volontaires en service civique pour mieux comprendre leurs besoins, leurs craintes et motivations.
Afin d’être plus exhaustif.ve.s, le bureau a entamé une consultation d’avis par questionnaire des associations membres, des ancien·ne·s salarié·e·s et ancien·ne·s membres du bureau du REFEDD. Cela a été accompagné d’entretiens individuels personnalisés avec les salarié·e·s. Ces échanges portaient sur la pertinence du changement de nom, ses impacts et les idées de nouveau nom pour remplacer le “Réseau Français Étudiant pour le Développement Durable”.
Tout ce processus a permis une prise en compte à 360° des avis de tout l’écosystème gravitant autour du REFEDD. Les échanges qui ont suivi au sein du conseil d’administration furent éclairés par ces retours et ont permis de prendre une décision en juin 2020 en accord avec les points de vue de toutes les parties prenantes. Le vote et le choix du nom ont eu lieu en juin 2020 lors du dernier conseil d’administration de l’année universitaire par jugement majoritaire : une méthode de vote alternatif au scrutin majoritaire.
Le conseil d’administration du REFEDD a voté favorablement pour le changement de nom et a également choisi le nouveau nom du réseau : le RESES
En accord avec nos convictions
Le RESES est une association convaincue que le monde étudiant est une force essentielle pour construire demain. Parce que nos générations se questionnent et renouvellent leurs points de vue, notre monde est en constante évolution et cela nous donne un vrai pouvoir : celui d’impulser des changements. Mais pour impulser le changement, il faut être le changement.
Extrait du communiqué de presse de mai 2021 :
« Changer de nom, c’est montrer à toutes nos parties prenantes : institutions, associations membres, fondations ou étudiant·e·s que nous voulons aller plus loin, avoir plus d’ambitions dans nos projets, dans les positions que nous défendons et dans l’avenir que nous souhaitons au sein du réseau.
Nous devons agir à la hauteur des défis auxquels notre société fait face. Notre nom doit s’inscrire dans le présent pour que notre association puisse construire l’avenir. Partir de la réalité d’aujourd’hui pour écrire celle de demain. C’est cette ambition du RESES de construire demain qui rend si importante son évolution constante. Car le demain que nous construisons aujourd’hui n’était pas le demain vers lequel se dirigeaient nos prédécesseur·se·s.
Changer de nom, c’est aussi un appel, à tous les partenaires, à toutes les associations, afin qu’ils·elles se posent les questions que nous nous sommes posé·e·s pendant deux ans, sur la réalité des enjeux pour lesquels nous sommes engagé·e·s. Un nouveau point de départ afin de les encourager à être plus ambitieux.ses dans ce qu’ils.elles entreprennent, ce qu’ils.elles défendent, ce qu’ils.elles encouragent. «
Avec ce changement de nom, le RESES souhaite défendre une vision de l’écologie ambitieuse, transformatrice des sociétés qui prend en compte les questions de solidarité et d’équité sociale. Le changement de nom a été sans aucun doute un moment phare dans l’histoire du RESES !