Zoé, membre de la délégation intersessions COP a pu découvrir pendant la 1ère semaine à Bonn, tout le monde des négociations internationales. Elle revient sur son expérience et les enjeux de ces négociations !
Son expérience
J’ai eu la chance de faire partie de la délégation du RESES pour ces intersessions 2022 ou SB56 à
Bonn, où se rencontrent les organes subsidiaires SBSTA et SBI sous l’égide de la CCNUCC (pour y voir
plus clair à ces acronymes un peu mystérieux, les newsletters de ces deux dernières semaines sont
bientôt disponibles sur le site du RESES.)
Hormis les biergarten et autres restaurants typiques allemands qui ont rythmé quelques-unes de nos
soirées 🙂 cette expérience a été vraiment enrichissante sur plusieurs plans.
Tout d’abord, le fait même de partir vivre une semaine intense avec des personnes, au mieux
particulièrement engagées dans le milieu associatif social et écolo, et dans le pire des cas simplement
curieuse de prendre part à un événement traitant des enjeux mondiaux, m’a beaucoup plu. En effet,
les moins calé.é.s ont pu être introduit.e.s et briefé.e.s par les plus érudits sur les sujets traités (dédicace à
Manon ) ou être inspiré.e.s par la détermination d’autres (dédicace à Anastasia ) qui partagent les
mêmes espoirs d’être témoins de négociations aux conséquences d’envergure mondiale. J’espère
que les moins calé.e.s (comme moi) sur le fonctionnement des intersessions ou carrément néophytes,
ont pu également apporter une valeur ajoutée en se montrant à l’écoute et se sont avérés être des
petites mains utiles pour la rédaction de notre newsletter quotidienne.
Des organisations jeunes, engagées pour la COP27
Par ailleurs, j’ai été agréablement surprise par la détermination des associations et réseaux
d’associations comme le CAN (dont le Réseau Action Climat) qui opèrent comme des « travailleurs de
l’ombre », au travers de réunions quotidiennes d’où émergent des bilans, conclusions et plans
d’actions, souvent beaucoup plus clairs que ce qui peut ressortir des négociations même.
J’ai également été galvanisée par la mobilisation de la société civile et ses revendications,
notamment le #payupforloss&damage, et déçue d’égale proportion par l’indifférence des
délégations de pays face à ces mêmes revendications…
Enfin, malgré un relatif optimisme à l’idée d’assister à des discussions constructives, je n’ai pas été
très étonnée de découvrir que les processus politiques d’une telle ampleur sont assez laborieux ; les
discussions longues, et semble-t-il souvent délibérément trainées en longueur, en fonction des
intérêts divergents et des rapports de force à l’œuvre. J’ai pu ainsi comprendre l’inertie ambiante et
justifier ma frustration…
Je reviens de cette expérience en ayant compris une chose : nous avons encore
quelques années devant nous avant que les grands de ce monde soient disposés à agir en
concordance avec les craintes soulevées par la société civile et les pays vulnérables, ainsi que l’urgence
mise en lumière lors de ces rendez-vous onusiens…
Mon sujet focus de la semaine : Le GST
Vous aurez normalement accès à une newsletter sur le Bilan Mondial, mais je voulais en dire un mot
brièvement car c’est le sujet sur lequel j’ai choisi de me pencher durant mon passage à Bonn. Ce
que je retiens du Bilan Mondial ou Global Stocktake (GST), c’est tout d’abord le fait qu’il s’agit d’un
des enjeux à venir les plus déterminants — qui je le regrette a néanmoins été abordé relativement
tard dans le programme des négociations de la première semaine (le sujet ayant été réellement
abordé à partir du jeudi seulement).
En effet, ce qui m’a amenée à suivre ce sujet est le fait qu’il soit, en tous cas sur le papier, la « star »
de ces intersessions, et ce bien qu’il ne soit même pas encore mis en œuvre. En effet, il est dès
aujourd’hui et à l’horizon 2023, année qui donnera lieu au premier bilan, un sujet primordial des
négociations climatiques, et le sera par la suite tous les 5 ans.
Né de l’Article 14 de la CCNUCC, il incarne un projet ambitieux et multidimensionnel : sa dimension
dites « backward-looking » met en avant les accomplissements passés ; « present-looking » fait l’état
des lieux des efforts collectifs et aiguille sur les points d’amélioration pour qu’à l’avenir, les États
soient plus ambitieux dans leurs plans. Il repose notamment sur les notions d’équité et sur celle de
« best available science », ainsi que sur les 3 objectifs de l’Accord de Paris : atténuation, adaptation
et finance.
Cette première mise en avant du GST depuis Glasgow, notamment impulsée par les derniers volets
du rapport du GIEC, s’est traduite par un premier rendez-vous jeudi 9 juin, où s’est tenu le premier
dialogue technique introductif. Le GST a été ainsi qualifié de « pièce centrale du cycle d’ambition de
l’Accord de Paris ». Les États et autres parties ont eu l’occasion d’annoncer leurs espoirs et ambitions
pour cette évaluation collective. Certains intervenants ont choisi de pointer du doigt les parties ayant
le plus de comptes à rendre, mais ce qui est ressorti globalement des prises de parole est qu’il est
important d’apprendre les uns des autres pour accroitre les chances de succès.
Vendredi matin ont eu lieu les tables rondes auxquelles les délégations de pays et experts seulement ont eu le droit de prendre place. L’après-midi s’est tenu un « world café » au cours duquel j’ai eu l’occasion d’assister à des discussions assez libres entre experts et observateurs lambdas autour de 12 thématiques. Ce format a été une belle initiative novatrice pour mêler les opinions et savoirs et donc véritablement
représentative de l’ambition au cœur du GST : favoriser la coopération internationale.