Maelle, membre de la délégation intersessions COP nous fait un récapitulatif de l’adaptation au changement climatiques dans les négociations internationales
S’adapter aux conséquences déjà présentes du changement climatique
Aujourd’hui, nous sommes déjà à +1,1°C de réchauffement depuis l’ère préindustrielle. Hausse des températures, d’inondations, tempêtes plus fréquentes et plus intenses, érosion du trait de côte, conflits autour de la ressource en eau etc. nos sociétés sont déjà confrontées aux répercussions des changements climatiques.
Nous vivons la deuxième canicule en l’espace d’un mois, avec des températures allant jusqu’à 40°C, en vingt-quatre heures, 1 200 hectares ont été ravagés par les flammes. L’Inde et le pakistan ont subi une vague de chaleur de plus de 51°C.
L’adaptation au changement climatique regroupe les démarches, mesures et stratégies pour faire face aux conséquences déjà présentes du changement climatique. L’adaptation vise à réduire les risques climatiques en réduisant les vulnérabilités d’un territoire – par exemple, en plantant des arbres dans nos villes pour y maintenir une température plus fraîche- et en réduisant l’exposition aux risques -par exemple, en ne construisant pas en zone inondable –
Le climat change, chez nous aussi. Il est urgent d’anticiper tant que nous pouvons pour gérer l’inévitable tout en poursuivant l’atténuation du changement climatique pour éviter l’ingérable. Car notre capacité d’adaptation est limitée à des seuils de réchauffement. De plus, la dégradation croissante des écosystèmes restreint la mise en œuvre de certaines options d’adaptation, notamment celles fondées sur la nature.
Les territoires les plus vulnérables au changement climatique sont ceux qui vont subir les impacts les plus importants: notamment les littoraux, les États désertiques, les territoires avec des faibles ressources en eau. Même si c’est un territoire spécifique qui s’adapte pour réduire son exposition, il y a un enjeu de justice à engager globalement l’adaptation. Il est urgent de définir un objectif global d’adaptation et d’allouer des fonds pour favoriser l’émergence de stratégies d’adaptation
L’adaptation est un sujet complexe: l’enjeu des dialogues science-société dans la CCNUCC
Les parties signataires de l’Accord de Paris reconnaissent à l’article 7 que l’adaptation est un défi mondial et établissent l’objectif mondial en matière d’adaptation (Global global of adaptation en anglais dans le texte) .Celui-ci consiste“ à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité à ces changements, en vue de contribuer au développement durable et de garantir une riposte adéquate en matière d’adaptation” ( The Paris Agreement | UNFCCC article 7.1). Or l’adaptation et le maillon faible des politiques internationales du climat.
Les co-rapporteuses du groupe 2 du GIEC “Impacts, adaptation, vulnérabilité” ouvrent le bal des négociations 2022 de la convention-cadre des nations-Unies sur le Changement climatique (CCNUCC) en présentant leurs conclusions du 6ème rapport d’évaluation publié en février 2022. Les scientifiques présentent les solutions d’adaptations, l’urgence d’adaptation et répondent aux questions des représentant-e-s des Etats. Le but ? éloigner tout doute sur les fondements scientifiques des impacts du changement climatique et les marges de manœuvre.
Bonn 2022: le sur-place des sujets d’adaptation transversaux
3,320 participant-e-s se retrouvent à Bonn 🇩🇪 pour les 56ème rencontres des organes subsidiaires de la CCNUCC (SB56).
Les représentant-e-s des Etats, des organisations non gouvernementales, des agences de l’ONU, de la presse et les médias discutent de plusieurs sujets brûlants:
- La mise en oeuvre des plans nationaux d’adaptation au niveau national. Aujourd’hui seuls 36 pays ont des NAP
- Le bilan Mondial (Global stocktake ) qui doit faire le bilan de l’avancée de l’adaptation depuis l’accord de paris et ainsi mettre en oeuvre un réel objectif global d’adaptation
- Le financement de l’adaptation au niveau mondial
L’adaptation est par inhérence transversale à d’autres politiques qui ont été moins discutées lors des SB56: notamment Le programme de Nairobi qui est le centre de ressource et de soutien technique sur l’adaptation.
Vers la COP27 à Sharm-El-Sheikh : importantes attentes de la société civile
Aujourd’hui le secrétariat de la CCNUCC soutient les Etats à développer leurs plans nationaux d’adaptation, mais les modalités sont peu définies. Le GIEC soutient des processus d’adaptation ‘bottom-up’ qui promeuvent des actions adaptées aux besoins d’adaptation du territoire. La société civile, les militant-e-s climat insistent aussi pour reconnaître l’expertise d’adaptation menée localement.
C’est le nerf de la guerre, les financements pour l’adaptation sont bien inférieurs aux financements de l’atténuation, les 100 milliards de $ la société civile insiste pour combler le manque (“closing the gap”). Financer également l’adaptation et l’atténuation permettrait de miser sur les co-bénéfices et les solutions sans regret (comme les solutions d’adaptations fondées sur la nature)
De plus, financer l’adaptation c’est:
- réduire la vulnérabilité des territoires aux impacts du CC
- Soutenir la résilience des territoires, personnes, biodiversité
- Financer un développement soutenable et long-terme.
D’ici à la COP27, le programme de travail (GLaSS) vise à déterminer un objectif global d’adaptation, se fixer des objectifs globaux engage les Etats. Dans sa Contribution soumise par le CAN au GLaSS insiste entre autres pour améliorer la cohérence de l’adaptation dans tous les processus de la CCNUCC et mettre en place un processus itératif, d’amélioration permanente et de remontée des infos
Pour aller plus loin:
Les négociations climatiques de Bonn au point mort, sur fond de divorce Nord-Sud (lemonde.fr)
Summary report 6–16 June 2022 (iisd.org)
Bonn climate talks: Key outcomes from the June 2022 UN climate conference – Carbon Brief