Le 9 mai, le REFEDD a organisé en partenariat avec Citeo une conférence sur le tri et le recyclage. Cette conférence a été organisée dans le cadre des REncontre Nationales Etudiantes pour le Développement Durable (RENEDD) et a réuni 53 participant.es.
Les intervenantes de Citeo, Séverine Lèbre-Badré, directrice communication, mobilisation et RSE, et Stéphanie Foucard, directrice mobilisation et engagement, ont présenté rapidement leur organisme ainsi que le dispositif de tri et de recyclage en France. Cette conférence a surtout été l’occasion pour les participant.e.s d’échanger, de poser leurs questions aux intervenantes et de balayer quelques idées reçues, pour en apprendre plus sur le tri et le recyclage des emballages et des papiers. Voici un petit résumé de ces échanges !
Idée reçue n°1 : le tri, ça sert à rien
L’une des idées reçues les plus répandues est que le tri ne servirait à rien : parce que les bacs de tri seraient parfois mélangés avec les autres, sans distinction, qu’il y a beaucoup trop d’erreurs de tri pour que cela soit efficace, que tout ce qu’on met au tri n’est finalement pas 100% recyclable ou recyclé etc.
Les intervenantes de Citeo ont d’abord expliqué la chaîne depuis la collecte d’un déchet et son tri (par la collectivité) jusqu’à son recyclage et démontré que les collectivités avaient tout intérêt à assurer un tri et une collecte efficaces. En effet, une fois sortis des centres de tri, les emballages et papiers sont revendus à des entreprises de recyclage et constituent ainsi une ressource pour les collectivités. Les dysfonctionnements lors de la collecte sont donc des incidents en général isolés, et que les collectivités ont intérêt à éviter. De même, sensibiliser les ménages pour éviter les erreurs de tri est l’une des missions de Citeo, notamment au travers de l’application Guide du tri qui spécifie les consignes pour chaque déchet et selon les communes.
Pour certain.es aussi, le tri ne sert à rien car reste toujours le problème des emballages en plastique, qui ne se recyclent pas. C’est en fait plus compliqué que ça : en France, la plupart des emballages plastique se trient mais ceci varie en fonction des communes. Il s’avère que certaines collectivités ont élargi les consignes de tri à tous les emballages en plastique. La plupart d’entre eux se recyclent et ont déjà des filières de recyclage et des débouchés. Pour la part qui n’a pas encore de débouchés, des études et expérimentations sont menées afin d’étudier et développer de nouvelles filières de recyclage. Par exemple, le pot de yaourt est trié au sein des ménages dans certaines collectivités pour permettre aux filières de savoir comment on peut le recycler, et donc le réutiliser. Ta ville doit t’informer des emballages que tu peux trier, et si tu ne disposes pas de cette information, tu peux toujours te rendre sur l’application guide du tri, créée par Citeo, qui t’indique comment ta commune trie et recycle.
De manière générale, 50% des emballages en plastiques bénéficient de filières de recyclage bien développées, 25% ont besoin d’une filière renforcée (polystyrène, pot de yaourt, film plastique) et 25% sont trop complexes, ou n’ont pas encore de solution technique, ou de solution de débouchés. C’est pourquoi Citeo travaille avec les entreprises de recyclage sur l’écoconception pour réduire voire éliminer les plastiques pour lesquels il n’existe pas encore de solution de recyclage.
Enfin, est-on vraiment certain.es que le recyclage, c’est bon pour l’environnement ? La question s’est posée du bénéfice environnemental du recyclage. Pour calculer ce bénéfice, il faut comparer un système avec et un système sans recyclage pour voir lequel est le plus intéressant au niveau environnemental (c’est-à-dire qui utilise le moins de ressources, d’énergie et pollue le moins). Citeo a mené des études qui ont montré que pour les emballages plastiques, le bilan environnemental du recyclage est positif.
Mais ça n’est pas le cas pour tous les emballages : pour certains, la valorisation énergétique (l’incinération) a aujourd’hui encore moins d’impact que le recyclage. Les intervenantes ont insisté sur la complexité de mettre en place un système de gestion de déchets, car beaucoup de facteurs entrent en compte. Par exemple, le bilan environnemental d’une bouteille en verre consignée (donc plus solide et ayant nécessité plus de matière première) s’alourdit si cette dernière n’est pas retournée ou recyclée. Tous les maillons de la chaîne sont donc importants. Mais de manière générale, le bilan environnemental d’un matériau recyclé est toujours plus positif que de ne pas recycler, en termes d’économie de matières, d’économie d’énergie etc. Cet article de Zero waste France revient également sur les bénéfices du recyclage.
Idée reçue n°2 : les Français.e.s, mauvais.e.s élèves en matière de tri ?
Citeo a également une mission de sensibilisation au geste de tri auprès des collectivités et des citoyen.nes. L’entreprise a mis en place L’Observatoire du Geste de Tri des Français, afin d’évaluer et de mieux comprendre les comportements de tri des Français.es. L’enquête de 2019 a révélé que la majorité des Français.es (89%) trient leurs emballages et plus de la moitié des Français.es (51%) le font systématiquement!
86% des Français.es estiment connaître les consignes de tri mais les trois-quarts (75%) ont toujours des doutes sur certains emballages au moment de les jeter.
Les intervenantes de Citeo ont présenté les différents leviers possibles pour augmenter et systématiser le geste de tri chez les habitant.es : accès à l’information, accès à un dispositif de tri mais également motivation des ménages (qui a augmenté ces dernières années avec la prise de conscience environnementale). L’accès au dispositif joue un rôle primordial : globalement, les habitant.es des communes avec une bonne gestion des déchets (un environnement agréable, des poubelles en bon état, une bonne qualité de service) trient davantage et mieux. La question des zones blanches, dans lesquelles les habitant.e.s n’ont tout simplement pas la possibilité de trier a également été abordée, et constitue un chantier majeur pour les années à venir.
Et les producteurs dans tout ça ?
Dans le cadre de la Responsabilité Elargie du Producteur (REP), les entreprises qui mettent sur le marché des produits générant des déchets doivent prendre en charge, notamment financièrement, la gestion de la fin de vie de ces déchets. C’est une déclinaison du principe pollueur-payeur : les producteurs et les entreprises responsables de la mise sur le marché de produits sont tenus de financer ou d’organiser la gestion des déchets issus de ces produits en fin de vie. L’idée est de lier l’acte de production à l’acte de recyclage, et de ne pas mettre un produit sur le marché sans savoir comment il sera recyclé. Il y a plusieurs objectifs à cela :
- développer le recyclage de certains déchets et augmenter la performance de recyclage de ces déchets ;
- décharger les collectivités territoriales de tout ou partie des coûts de gestion des déchets et transférer le financement du contribuable vers le consommateur ;
- internaliser dans le prix de vente du produit neuf les coûts de gestion de ce produit une fois usagé afin d’inciter les fabricants à s’engager dans une démarche d’écoconception.
En France, les entreprises ont, majoritairement, choisi de s’organiser collectivement dans le cadre d’éco-organismes agréés par les pouvoirs publics pour développer des filières de recyclage des emballages qu’ils mettent sur le marché. Au total, en France, on a 17 filières de recyclage (emballages, papier, pile, électronique, ampoule, le mobilier, textile, verre etc…). Selon l’ADEME, ces filières REP ont prouvé leur utilité pour la prévention et la prise en charge des déchets issus de certains types de produits.
La “loi anti-gaspillage pour une économie circulaire” vise à étendre la responsabilité élargie du producteur pour de nouveaux produits : emballages professionnels, produits ou matériaux de construction du bâtiment, jouets, articles de sport et loisir, articles de bricolage et de jardin, huiles de vidange, mégots, gommes à mâcher, textiles sanitaires (lingettes, essuie-tout, cotons, couches, etc.), engins de pêche seront soumis à de nouvelles filières. Ainsi, les fabricants devront s’organiser et assurer la gestion de fin de vie de leurs produits et éventuellement envisager la seconde vie de leurs produits.
Toutes ces idées reçues sont notamment reprises dans l’ouvrage publié par Citeo: “Faites le tri ! idées reçues sur le tri et le recyclage” qui a pour vocation d’informer les citoyen.ne.s.
Merci à notre partenaire, Citeo, ainsi qu’à tou.te.s les participant.es pour leur présence et leurs échanges 🙂
Citeo a été créée par les entreprises pour réduire l’impact environnemental de leurs emballages et papiers en les transformant en ressources. Avec sa filiale Adelphe, Citeo apporte conseils et solutions à ses clients – entreprises de l’industrie, du commerce, de la distribution et des services de grande consommation – afin de les aider à exercer leur responsabilité liée à la fin de vie des emballages et des papiers, et ce dans des conditions économiques optimales. En 25 ans, les entreprises ont investi plus de 9,5 milliards pour financer la collecte sélective et créer des filières de recyclage, avec leurs partenaires collectivités locales, filières et opérateurs. Aujourd’hui 70% des emballages et 59% des papiers sont recyclés grâce au tri des Français.e.s devenu le 1er geste citoyen. Agissant pour faire advenir une véritable économie de la ressource en France, Citeo s’est fixé 3 priorités : simplifier le geste de tri pour permettre à tous les Français de trier tous leurs emballages et papiers d’ici 2022 ; innover pour inventer les nouveaux matériaux, technologies de recyclage, solutions de collecte et débouchés ; réduire l’impact environnemental des emballages et des papiers en accompagnant les entreprises dans la généralisation de l’éco-conception.