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Le 24 mai 2019 avait lieu la seconde grève mondiale pour le Climat. Lancée par Greta Thunberg, devenue symbole du mouvement de la jeunesse mondiale, ce mouvement a rassemblé des centaines de milliers de personnes, à travers plus de 1 600 événements, dans quelques 150 pays. Des villes d’Europe comme d’Asie, d’Afrique comme des Amériques se sont toutes vues envahies par une jeunesse qui ne se contentera plus de subir, mais qui, au contraire, veut construire l’avenir.
L’éducation : une place ambiguë dans les négociations onusiennes
Cette montée de la conscience de la gravité du changement climatique, notamment chez la jeunesse, s’est traduite au niveau des institutions par l’adoption de l’article 12 de l’Accord de Paris de 2015, ainsi que l’article 6 de la Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC). Ce sont deux articles majeurs dans la structuration internationale de l’action des états contre le changement climatique. Dans ces articles, il est en effet fait mention du terme Action for Climate Empowerment (ACE). Il s’agit très simplement d’un groupe de cinq éléments liés à l’autonomisation des populations afin qu’elles puissent s’engager dans l’action climatique, tout en encourageant également la coopération internationale dans ces domaines. Ces cinq éléments concernent l’éducation, l’accès public à l’information, la participation publique, l’entrainement ainsi que le travail de sensibilisation.
Si ce thème peut paraître assez technique et même abstrait, il a pourtant une importance toute particulière cette année. En effet, en 2020 prendra fin le « Doha Work Program », un plan d’action qui a été travaillé pendant 8 ans, ayant pour but de structurer les réflexions autour du sujet ACE. Les Parties devront donc se mettre d’accord sur l’examen final de ce programme, déterminant ainsi les orientations éducatives internationales en matière de changement climatique jusqu’en 2030.
Lorsque je suis arrivé à la COP25, je me suis directement intéressé à ce sujet, pensant qu’il serait un sujet central dans les débats et dans la résolution de la crise climatique. Je fus donc assez surpris de constater qu’il n’occupait finalement pas une part majeure dans les discussions entre délégations internationales. En effet, une étude a été menée par le groupe de travail des « Youth Non-Governmental Organizations » (YOUNGO), au cours des dernières inter-sessions en mai 2019. Elle présente des statistiques assez stupéfiantes : par exemple, sur les 196 Parties à la CCNUCC, seuls 63 pays (32%) mentionnent l’éducation, 36 (18%) la jeunesse et 23 (12%) l’ACE et la jeunesse dans leur National Determined Contributions (NDCs). Dans l’ensemble, cela montre ainsi un manque de reconnaissance de l’ACE et de la volonté qui anime pourtant la jeunesse.
Paradoxe avec la vitalité de la jeunesse internationale
Néanmoins, en marge de ces discussions officielles, j’ai pu constater une très forte mobilisation de la jeunesse internationale et de la Société Civile. Si cette situation semble assez paradoxale, elle est aussi une source inépuisable de créativité, de motivation et d’inspiration.
En premier lieu, les jeunes bénéficient ici d’un corps constituant les représentants, appelé « YOUNGO ». Il est ainsi possible pour les jeunes observateur.trice.s de se retrouver en groupe de travail afin de travailler à des propositions sur leur sujet de prédilection. Dans mon cas, j’ai pu travailler sur le thème de l’Éducation (ACE) et contribuer à une proposition de points-clés, qui sera présentée aux représentants des délégations internationales en charge de la thématique.
En plus de cette activité de lobbying, le Secrétariat onusien semble également avoir pour volonté de donner un espace, et donc de l’importance aux revendications et actions de la jeunesse. L’exemple le plus concret est sans doute celui de la Journée pour les Jeunes et Futures Générations, au cours de laquelle se sont tenus plusieurs événements, animés par des jeunes « leaders », venant du monde entier mais partageant tous la même volonté indémontable. Par ailleurs, en marge des discussions que nous pourrions qualifier d’« officielles », des « side events » se tiennent également, constituant des occasions supplémentaires de pouvoir fournir à la jeunesse un espace d’expression, d’échange et d’inspiration. Par exemple, j’ai pu rencontrer un représentant politique du parti écologiste mexicain, à l’occasion d’un événement autour des jeunes politiques et de l’environnement, ce qui fut une expérience très enrichissante.
L’éducation, une clé contre l’injustice climatique
Pour finir, sur le traitement de l’éducation, un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés et des êtres humains, il subsiste d’importantes disparités entre les jeunesses du Nord et du Sud, dans les ressources comme dans les chances qui leur sont données pour agir et pour s’exprimer, malgré un engagement indéfectible dans un hémisphère comme dans l’autre ; comme dans toutes les discussions autour des enjeux du changement climatique. Je pense notamment à l’histoire de ce jeune libérien qui, afin de se rendre à la COP25 pour porter la voix de sa communauté comme de son combat, avait dû se rendre en moto, du centre du pays jusqu’en Côte d’Ivoire, pour pouvoir obtenir un visa et se rendre à cet événement. Malgré nos disparités, culturelles comme économiques, la jeunesse mondiale possède la même ambition, défend la même planète et construit un même avenir.
Article rédigé par Gabin Dournelle, étudiant observateur à la COP25 pour le REFEDD.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]