Le sort des abeilles est connu de tou.te.s. Pourtant, peu d’études ont été effectuées et cela ne fait que quelques années que les différent.e.s acteur.trice.s (agriculteur.trice.s, scientifiques …) s’associent pour mener une véritable campagne de protection. Ces toutes petites bêtes méritent toute notre attention car sans elles, nous ne serions plus grand chose. Explications !
Le rôle des abeilles
La première chose à connaître, c’est le rôle qu’elles ont au sein de notre biodiversité : elles sont les principales pollinisatrices de nos plantes à fleurs. On estime à 90% le pourcentage de plantes sauvages ayant besoin de la pollinisation animale pour se reproduire. Si l’on continue dans ce raisonnement, elles sont à l’origine de 36% de notre nourriture (fruits, légumes et céréales). Nos apports en végétaux sont donc permis grâce à un animal de 13 mm, il pourrait être bien de regarder où nous mettons nos pieds à l’avenir !
Comment les abeilles font-elles pour polliniser nos fleurs ? Elles transfèrent le pollen de fleurs en fleurs, grâce à leur trompe qui va chercher le nectar au fond de la fleur sans l’abimer et grâce aux poils présents sur leurs pattes. Lorsqu’elles se posent sur une autre fleur, elles déposent le pollen et permet ainsi leur reproduction.
L’abeille la plus présente en France est une abeille domestique (Apis mellifera) mais il existe plus de 1000 autres espèces d’abeilles dans notre pays et 20 000 dans le monde entier. Aujourd’hui, elles sont le symbole de la destruction de la biodiversité par l’Homme car elles sont à l’avant-poste des tous les changements appliqués à l’environnement. Ce sont donc les premières touchées et en cas d’impact majeur sur leurs populations, les conséquences sont directement visibles par l’Homme.
Où en sont les abeilles aujourd’hui ?
Depuis 1995, en France, 30% des ruches périssent chaque année. Pourquoi ce déclin ? Dans les années 70, l’industrialisation et le début d’une véritable pollution anthropique entraînent une perte massive des abeilles ouvrières : il s’agit du syndrome d’effondrement.
L’ascension de l’impact humain ne s’arrête pas là puisque dans les années 90, de nouveaux pesticides à base de néonicotinoïdes aggravent la situation. Cette substance agit directement sur le système nerveux central des insectes et les ruches subissent d’énormes pertes de miellées.
Aujourd’hui, leur situation est tout aussi précaire : la monoculture tant pratiquée diminue la biodiversité et fragmente leur habitat. Résultat : elles ne savent plus où butiner, et une abeille qui ne butine pas ne vit pas très longtemps. L’ajout de pesticides et autres agents les rendent encore plus sensibles aux parasites et aux virus, ce qui diminue leur espérance de vie. Enfin les abeilles sont directement touchées par le changement climatique. En effet, il implique une hausse des températures et une modification des fréquences de précipitation, ce que les abeilles ont du mal à supporter.
Ainsi, la demande en pollinisateur est bien supérieure à la disponibilité et si nous ne faisons rien voilà une petite idée de ce qui nous attend d’ici quelques années : une réduction de 52% de notre stock en végétaux …
Comment agir ?
Quand des études ont commencé à chiffrer le manque à gagner en cas d’effondrement majeur des populations d’abeilles, le cri d’alarme des apiculteur.trice.s et des scientifique a été entendu. En effet, cela représente 153 milliard d’euros par an soit 9,5% du chiffre d’affaire mondial agricole ! Alors comment faire bouger les choses ?
Dans un premier temps, il est important de favoriser des produits provenant de l’agriculture biologique car elle n’implique pas de pesticides. De même, les exploitations permacoles ou qui utilisent des couverts végétaux sont idéales puisqu’elles permettent d’avoir des fleurs toute l’année, de la sortie de l’hiver aux premières gelées. D’après Jean-Christophe Bady, agriculteur dans le Gers, cela permet de « doubler la production de miel car les abeilles ont besoin de manger toute l’année et nous avons besoin d’elles toute l’année ».
Il est tout aussi fondamental de valoriser et de développer nos connaissances sur les abeilles. Dans cet optique il existe plusieurs formations ou visites. A Paris par exemple, vous pouvez suivre une formation gratuite avec Happyculteur pour accueillir une ruche et devenir un apiculteur des villes. C’est une démarche qui se démocratise de plus en plus maintenant que son efficacité a été prouvée. Par exemple, la gare d’Austerlitz a implanté des ruches sur son toit.
Vous pouvez aussi soutenir les campagnes de défenses menées par Greenpeace, ou Pollinis.
Enfin, vous pouvez planter plein de fleurs dans vos jardins, sur vos balcons et à vos fenêtres afin de les faire revenir !
Sources :
- Analyse des facteurs qui mettent en péril les pollinisateurs et l’agriculture en Europe. Laboratoire de recherche de Greenpeace. Rapport technique_résumé. Avril 2013
- https://www.franceinter.fr/idees/le-point-sur-la-situation-des-abeilles-aujourd-hui
- Film : Des abeilles et des hommes, 2012
- http://www.huffingtonpost.fr/henri-clement/avenir-de-lapiculture_b_5484722.html
Article rédigé par Emmanuelle Trouslard, chargée du pôle Biodiversité au REFEDD.