De la PréCOP jeune à la COP26 : Quelle est la voix des jeunes portée à Glasgow ?

Du 28 au 30 septembre 2021 se tenait le sommet Youth4Climate : Driving Ambition à Milan dans le cadre de la PréCOP26. Durant ces quelques jours, 400 jeunes délégué.e.s de 15 à 29 ans, venant des 197 pays membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), se sont réuni.e.s pour développer des propositions concernant les actions climatiques à entreprendre. Ces propositions seront ensuite envoyées à la COP26, et représenteront les demandes des jeunes à la table des négociations de Glasgow.

A quoi correspond Youth4Climate : Driving Ambition ?

Le sommet Youth4Climate : Driving Ambition est le premier sommet international jeune en lien avec la COP (Conférence des Partis). 

Ces COP visent à établir des accords sur le climat, à l’image de l’Accord de Paris, établi lors de la COP21 en 2015. Ces sommets importants pour le climat réunissent donc plusieurs acteurs différents : privés, étatiques et non-étatiques,, dont fait partie la société civile (expert.e.s climatiques, associations, Organisations Non-Gouvernementales, etc.). Cependant, tou.te.s acteur.rice.s n’ont pas accès à la table des négociations, et les jeunes, n’étant que très peu représenté.e.s lors des COP, ont encore moins l’opportunité de défendre leurs idées pendant ces grands sommets internationaux. De ce fait, les jeunes n’ont jusqu’alors jamais pu porter directement leur voix à la table des négociations.

Youth4Climate : Driving Ambition est donc historique, car pour la première fois 400 jeunes se sont réunis dans un même lieu pour rédiger un document qui sera directement envoyé à 59 ministres de l’environnement devant participer à la COP26. Afin de rédiger ce document, les 400 jeunes étaient divisés en quatre groupes de travail, traitant chacun un thème : l’ambition des jeunes, le rétablissement du développement durable, les acteurs non-étatiques et la prise de conscience climatique de la société.

Ces jeunes de moins de 30 ans ont donc eu l’occasion de manifester directement leurs idées en rédigeant une série de propositions présentant leurs solutions  pour contrer les changements climatiques.

Les propositions des jeunes portées à la COP26

Durant ces trois jours, les jeunes délégué.e.s ont rédigé quinze propositions. Ces propositions abordent différents sujets, allant de l’action directe des acteurs étatiques, à la sensibilisation de l’ensemble de la société par une éducation sur les enjeux climatiques, en passant par la carboneutralité des acteurs privés.

Explorons donc ces propositions plus en détail :

Le premier groupe de travail, sur la thématique de l’ambition des jeunes, a fait ressortir trois propositions majeures sur le plan local, national et international. Les jeunes ont demandé ici de pouvoir participer aux prises de décisions politiques, et ce, à tous les niveaux. Il s’est également avéré nécessaire d’exiger des acteurs étatiques d’augmenter leur financement et leur logistique, pour supporter et accueillir l’engagement des jeunes, afin que leurs ambitions climatiques puissent mener à des actions concrètes.   

Le groupe de travail portant ses réflexions sur le rétablissement du développement durable est arrivé à cinq propositions différentes, concernant tout d’abord le secteur des énergies. L’objectif de limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C a été réitéré en demandant aux gouvernements d’assurer une transition énergétique d’ici 2030. Dans la continuité de cette demande, cette transition doit se faire avec une adaptation des métiers dans les secteurs concernés, avec un appui plus particulier aux communautés vulnérables. 

Ce groupe de travail a également mis un point d’honneur à prendre en compte une transition juste et équitable. Ainsi, leurs propositions exposent que seules des solutions naturelles, équitables, locales et privilégiant les peuples autochtones devraient être privilégiées pour contrer les changements climatiques. 

Le domaine de la finance a également été visé, celui-ci devant assurer une transition vers une finance environnementale et sociale, qui inclut une régulation des émissions carbone, l’arrêt des investissements nuisant aux communautés les plus vulnérables et une égalité des genres.

Le troisième groupe, sur l’engagement des entités non-étatiques, a soumis trois propositions différentes concernant les secteurs de l’alimentation, de l’art, de la mode, du sport et de l’entreprenariat. Il y a tout d’abord une volonté de soutenir la participation des jeunes de ces secteurs, et particulièrement les personnes les plus marginalisées qui abordent le sujet des changements climatiques par le biais de financement et d’infrastructures. 

Les deux autres propositions, bien ambitieuses, concernent plus directement l’agissement des acteurs privés. Les jeunes du sommet exigent que les chaînes de production des acteurs privés respectent une carboneutralité d’ici 2030. De plus, il a également été mentionné d’abolir complètement l’industrie pétrolière d’ici 2030 au plus tard. Tout en assurant une transition juste et équitable, donc : d’autres industries tiers telles que la mode, les sports, ou encore l’agriculture. 

Et enfin le quatrième groupe, travaillant sur la prise de conscience de la société au niveau du climat, a formulé quatre propositions tournant surtout autour de la sensibilisation du grand public.

Tout d’abord les décideur.euse.s devront travailler avec les jeunes et les populations les plus vulnérables, – en ce qui concerne les changements climatiques, l’accès aux ressources, aux services de santé – pour porter leurs voix.

En lien avec d’autres propositions ci-dessus, les jeunes de ce groupe ont également demandé à ce que soit implémenté une éducation collective et internationale sur le climat. Cette éducation donnerait des outils à tou.te.s pour répondre individuellement et collectivement aux défis du changement climatique. Pour favoriser l’assimilation de cette éducation, la troisième proposition stipule que chaque gouvernement doit sensibiliser aux questions climatiques au travers de campagnes de soft power. Enfin, la quatrième proposition prévoit que les médias doivent être formés à percevoir, vulgariser et restituer l’urgence liée au climat, de manière accessible et transparente. Cette proposition doit permettre à terme de limiter le greenwashing, combattre la désinformation et les inégalités.

Table ronde du 28 septembre sur la place de la question climatique dans l’éducation

Ce qui ressort de ce sommet et des jeunes :

A la suite du sommet Youth4Climate : Driving Ambition, on aperçoit que ce sont souvent les sujets d’éducation sur le climat et de transition juste et équitable qui reviennent à maintes reprises. Il y a un réel  besoin d’apprentissage sur le climat pour mieux pouvoir répondre aux problèmes de notre siècle. Dans ce processus d’apprentissage, il y a également cette volonté d’inclure les femmes, les autochtones et l’ensemble des populations vulnérables, souvent plus touché.e.s directement par les changements climatiques.

Les jeunes ont donc bien souligné le fait que chacun.e devrait avoir accès à une éducation complète sur le climat, et ce peu importe l’origine, le genre ou le domaine d’étude des individus. Cette demande était également ressortie en France lors de la cinquième Consultation Nationale Étudiante (CNE) en 2020. En effet, 65% des étudiant.e.s francais.es estimaient que tous les cursus devaient intégrer les enjeux climatiques.

Que vont devenir ces propositions ?

Toutes les propositions établies par les jeunes seront portées à la COP26, et devraient donc figurer à la table des négociations des différentes thématiques sur lesquelles elles portent. Mais seront-elles réellement prises en compte et réalisées ? Certaines de ces propositions paraissent inatteignables et les jeunes délégué.e.s se rendent bien compte que toutes ces propositions ne seront sûrement pas appliquées d’ici 2030. Cependant à l’image des manifestations de jeunes qui ont eu lieu à Milan le 1er octobre 2021, les jeunes continueront à faire pression pour que ces propositions soient prises en compte lors de la COP26. 

Nous en saurons donc davantage sur ce qu’adviendra de ces propositions lors de la COP26, du 1er au 12 Novembre 2021 à Glasgow.

Si cet article t’as intéressé, que tu veux en savoir plus sur les négociations internationales et sur ce qu’il va se passer à la COP26, tu peux t’inscrire à notre Training COP le samedi 16 octobre de 9h30 à 18h à l’Académie du Climat à Paris, ou bien sur zoom.

Sources: 

Le monde

·      https://www.mite.gov.it/pagina/youth4climate-driving-ambition-four-major-themes-center-discussion-among-young-protagonists

·      https://lepetitjournal.com/milan/actualites/youth4climate-400-jeunes-milan-defi-changement-climatique-321202

·      https://en.unesco.org/news/ministers-education-youth4climate-delegates-exchange-climate-education-pre-cop-milan

·      https://le-reses.org/consultation-nationale-etudiante/

Article rédigé par Manon Bourhis