Le 12 novembre, la journée des dialogues sur le climat dédiée à l’eau a permis de présenter des actions concrètes qui peuvent apporter des solutions climatiques transformatrices. Sous la direction des champions de haut niveau de la CCNUCC, 10 conférences en lien avec l’eau ont été organisées. Voici un résumé de certaines thématiques soulevées lors de ces conférences.
La première conférence s’est ouverte par une présentation des champions de haut niveau des Nations Unies pour le changement climatique, Gonzalo Muñoz du Chili et Nigel Topping du Royaume-Uni, qui ont souligné le rôle crucial de l’eau. C’est un élément primordial à la vie sur Terre au même titre que l’air, mais cette ressource n’est pas éternelle.
L’eau, un bien mondial menacé ?
Selon le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau de 2019, plus de 2 milliards de personnes vivent dans des pays où le stress hydrique est élevé, c’est-à-dire où la demande en eau dépasse les ressources disponibles. Environ 4 milliards de personnes souffrent de graves pénuries d’eau pendant au moins un mois de l’année et pas seulement dans des zones désertiques.
Selon les expert·e·s présent·e·s à ces conférences, nous serons bientôt 8 milliards d’individus sur Terre. Si la courbe de la consommation d’eau suit celle de la démographie, sans parler de la baisse de l’offre compte tenu des dégradations des nappes phréatiques, alors les pénuries d’eau seront plus nombreuses.
Une ressource fondamentale pour l’agriculture et l’alimentation
L’eau est devenue absolument indispensable dans nos sociétés et pas seulement pour notre consommation domestique. En France, elle est principalement utilisée par l’industrie, le secteur de l’énergie, l’agriculture et l’élevage. L’agriculture et l’alimentation sont des secteurs avec une forte empreinte carbone et avec un impact important sur les ressources en eau. L’usage intensif de celle-ci met en danger l’environnement et risque de nous mener à une généralisation des pénuries d’eau.
Pour Ertharin Cousin, ancienne directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), le système agricole industriel n’a jamais été aussi productif et efficace. Les rendements sont élevés et permettent de nourrir des milliards d’individus. Mais ce système et cette organisation ne sont pas durables sur le long terme. En plus d’être gaspillée, l’eau est également polluée. On estime aujourd’hui qu’en Europe la moitié des fleuves et des cours d’eau sont gravement pollués. Il s’agit de déchets rejetés par les productions industrielles et agricoles, la consommation des ménages et par accident. Le secteur privé doit tout comme pour la situation des océans prendre ses responsabilités.
Un plan d’action mondial pour l’eau
Les organisateurs de la journée de l’eau appellent à soutenir le « Water Action Pathway » qui vise à établir une vision étatique et institutionnelle commune sur la question de l’eau. Ces acteurs et ce secteur doivent prendre des engagements audacieux en matière d’action climatique pour changer les choses.
Les principaux moyens d’agir identifiés par les participant·e·s sont :
- La protection et la restauration des ressources en eau douce pour les écosystèmes et les populations ;
- L’utilisation et la distribution durables de l’eau pour les gouvernements, les entreprises, les investisseur·euse·s et les citoyen·ne·s ;
- La réutilisation de l’eau douce et des eaux usées à l’échelle mondiale ; environ 10 pour cent des eaux usées pourraient être traitées et utilisées, selon le rapport GIZ 2020 Stop Floating, Start Swimming ;
- Une gestion climatique résiliente et une gouvernance judicieuse des écosystèmes d’eau douce dans la lignée des objectifs de la COP 22 de Marrakech.
Au cours de la séance de clôture de la journée, Carolina Schmidt, présidente de la COP 25 et ministre de l’Environnement du Chili, a déclaré que « le monde doit maintenant transformer la façon dont il gère son eau ». Pour elle, il faut veiller à ce que les peuples les plus vulnérables et les peuples autochtones soient reconnus comme des agents de changement. Comme nous l’a rappelé Akhona Xotyeni, militante sud-africaine pour le climat, la valeur des connaissances locales, indigènes et intergénérationnelles est essentielle pour développer et mettre en œuvre des réponses à tous les niveaux.
Comme l’a également souligné Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement, de nombreux pays font déjà référence à l’eau dans leurs questions environnementales, mais seuls quelques-uns voient le plein potentiel de l’eau pour les aider à atteindre leurs objectifs de l’Accord de Paris. L’eau doit être prise en compte dans l’ensemble de nos engagements climatiques, en particulier en matière d’énergie avec l’énergie hydraulique, afin que nos solutions d’énergie propre puissent répondre à la demande future sans exacerber le stress hydrique à moyen et à long terme.
Article rédigé par Clara Marteau, bénévole au REFEDD, membre de l’équipe qui suit l’actualité en lien avec la COP26.
Ces conférences ont été réalisées en collaboration avec le SIWI (Stockholm International Water Institute), l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), l’AGWA (Alliance for Global Water Adaptation), le CDP, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), Aguas et Water UK.
Toutes les conférences sont disponibles en Replay ici.
Pour plus d’informations :
- Climate Action Pathway
- Site de la FAO, organe de l’ONU en charge de l’agriculture
- Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau