Dans la lignée de l’article de ReporTerre, nous avons voulu étudier l’idée d’une sécurité sociale alimentaire . Quels sont les enjeux ? En quoi cela consisterait ?
La sécurité sociale, qu’est-ce que c’est ?
La sécurité sociale française est un dispositif permettant de couvrir les frais de santé des individus. Ses fonds sont basés sur les cotisations sociales prélevées sur les salaires. Si un tel dispositif existe pour la santé, jugée comme essentielle, l’alimentation ne devrait-elle pas avoir la sienne ?
La sécurité sociale alimentaire, ça donnerait quoi ?
Des ingénieur.e.s sans frontière Agrista (Agricultures et souveraineté alimentaire) et des membres du réseau Civam ont conceptualisé le principe de droit à l’alimentation durable, qui garantirait un libre accès à des produits bio et locaux conventionnés.
La proposition consiste en une cotisation de 150€ par mois par personne, dans le but de garantir aux individus les plus précaires un bien meilleur accès à une alimentation choisie et de qualité. Cela se traduirait par une carte vitale de l’alimentation, qui donnerait accès à des prestations sociales destinées à couvrir les frais alimentaires. Pour servir pleinement la population, le système serait basé sur des caisses gérées démocratiquement par les paysan.ne.s et consommateur.rice.s, indépendantes des pouvoirs publics.
Ainsi, ce sont les bénéficiaires qui décident des conditions de production des produits conventionnés (bio, locaux etc), et fixent aussi les contrats entre les différents maillons du système alimentaire (production, transformation, distribution). Cela revient à assurer le prix de revient (prix couvrant tous les frais de production) aux travailleur.euse.s, tout en garantissant l’intégration d’organisations syndicales de travailleurs de l’agroalimentaire. En outre, cela oblige les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire à conformer leur production aux attentes des citoyen.ne.s.
Ce système génèrerait plus de démocratie directe et davantage de gestion locale des problèmes du quotidien. L’enjeu n’est pas de se contenter de distributions alimentaires, mais de garantir un accès égalitaire à l’ensemble du système de vente.
L’article précise “En 2017, selon l’Insee, les ménages locataires (qui comptent, le plus souvent, deux individus) dépensaient en moyenne 332€ par mois pour l’alimentation. De leur côté, les ménages propriétaires, donc plus aisés, dépensaient 511€ en moyenne par mois.”
La précarité alimentaire en hausse
De plus, la précarité alimentaire a explosé durant la crise sanitaire. Certains foyers se sont vu privés de salaire ou encore de restaurants scolaires. L’aide alimentaire est devenue une norme et plus une solution d’urgence : elle concerne maintenant plus de 7 millions de Français.e.s selon le ministère des Solidarités et de la Santé, contre 3,5 millions en 2010. Au vu des crises actuelles, il est donc nécessaire d’instaurer une politique alimentaire et agricole plus cohérente.
Les expérimentations mises en place
Une expérimentation de ce concept est née à Dieulefit, dans la Drôme. Trois prix sont proposés aux consommateur.rice.s :
- Un “prix du maraîcher” (qui permet au.à la producteur.rice de couvrir ses coûts et de se payer un niveau décent) ;
- Un “prix solidaire” à 125% de ce prix ;
- Un “prix accessible” à 65%. L’initiative fonctionne par un système de billes de couleurs pour indiquer son choix, et elle est viable financièrement puisque les prix solidaires compensent les prix accessibles ;
Si la Sécurité Sociale Alimentaire n’est pas un projet en cours au parlement, des initiatives citoyennes comme celles de Dieulefit sont susceptibles d’éclore et de lutter à la fois contre la précarité alimentaire et pour l’alimentation durable.
Liens utiles
Pour en savoir plus sur la sécurité sociale alimentaire : SSA
Retrouvez l’article de ReporTerre sur le sujet : ici
Découvrez les actions que le RESES met en place concernant l’alimentation durable
Notre projet FOODENT et le compte Instagram
Article rédigé par Pénélope Auduit