Le dernier événement de la pré-COP26 a réuni des jeunes activistes venant des quatre coins du monde. Parmi eux, des activistes issu·e·s de pays du Sud – comme Nisreen Elsaim – venu·e·s témoigner de l’urgence d’agir face à la crise climatique qui détruit son pays.
En janvier 2020, un scandale frappe la sphère politique. Vanessa Nakate, une jeune militante environnementale ougandaise pose aux côtés de Greta Thunberg et de trois autres militantes américaines à la sortie d’une conférence de presse. Problème : la photo est recadrée par la presse et Vanessa Nakate n’apparaît plus. Elle a disparu. Cette « disparition » ou plutôt cette « invisibilisation volontaire » des jeunes activistes non-occidentaux·ales est malheureusement trop fréquente, lorsque l’on aborde le changement climatique.
Trop souvent, les questions environnementales sont abordées d’un point de vue américano-européen, oubliant que ceux qui sont les plus touché·e·s par le changement climatique sont avant tout les pays en voie de développement. Selon Vanessa Nakate, l’enjeu du changement climatique a été occidentalisé ; « lorsqu’il est débattu au Nord, c’est sous l’angle du risque de crise économique pour les pays riches. Ils ne réalisent pas que pour nous, c’est un drame tangible ». Trop souvent les jeunes activistes de ces pays sont exclu·e·s des tables de négociations, trop peu écouté·e·s, ils et elles sont relégué·e·s au second plan.
Alors, il devient plus que jamais nécessaire d’écouter les voix de ces jeunes. Aujourd’hui, nous rencontrons l’une d’entre elles lors de la discussion « Youth4Climate: Driving Ambition » : Nisreen Elsaim.
Le parcours hors du commun de Nisreen Elsaim
Née au Soudan, Nisreen Elsaim est diplômée en physique et énergies renouvelables. Elle a réussi à combiner sa formation scientifique avec un engagement appuyé dans le domaine du développement durable. Nommée l’une des 100 jeunes les plus influentes d’Afrique, elle a coordonné le Youth Environment Sudan (YES), une organisation environnementale « parapluie » qui coordonne l’action de plus de 1 000 associations environnementales au Soudan. Elle a également coprésidé l’Organisation de la Jeunesse Soudanaise pour le Changement Climatique (SYOCC) et a dirigé la Conférence Africaine de la Jeunesse (COY Afrique). Et ce n’est pas tout ! Elle est aussi membre active de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA) et a été nommée l’une des 30 Envoyée Spéciale pour la Jeunesse de l’ONU. Un sacré CV !
Le Soudan, un pays qui subit de plein fouet le réchauffement climatique
Mais comment en est-elle arrivée là ? Nisreen nous a expliqué, pendant cette discussion organisée par l’ONU, que c’est bien la situation dans son pays natal qui l’a poussée à s’investir pour notre planète. En effet, le Soudan – pays fortement dépendant de ses ressources naturelles – subit de plein fouet le changement climatique. Entre les catastrophes naturelles, le dérèglement climatique (sécheresse, feux, et inondations), les problèmes de santé liés à la pollution, les épidémies, la surexploitation des sols et des cours d’eau, le manque de législation protectrice, et les conflits autour des ressources, le pays se retrouve dans une insécurité permanente. Nisreen explique que « l’instabilité causée par le changement climatique a joué un rôle majeur dans les conflits au Soudan. Les questions de la terre, de la nourriture, de la sécurité de l’eau et de la santé des Soudanais·e·s sont toutes liées à leur environnement. Ils sont tous·tes vulnérables au changement climatique. »
Un rayon d’espoir
Malgré cette situation catastrophique, Nisreen garde espoir et affirme : « les jeunes sont la solution. Grâce à notre connaissance approfondie de la technologie, notre capacité à innover, notre connectivité aux connaissances locales et internationales, nous pouvons travailler ensemble pour trouver des solutions. En orientant notre énergie et nos efforts vers la conduite de politiques, la création de stratégies qui nous permettent de nous adapter, d’élever nos voix dans les négociations sur le climat, nous pouvons faire la différence. » Alors, faisons la différence !
Article rédigé par Ombeline Siraudeau, bénévole au REFEDD, membre de l’équipe qui suit l’actualité en lien avec la COP26.