Focus COP 26 – Dialogue entre la jeunesse et l’industrie agroalimentaire sur le futur de l’alimentation et de l’agriculture pour atteindre la neutralité carbone

La conférence du 17 novembre de la CCNUCC à l’occasion du «  Race to Zero  » a réuni des multinationales de l’agroalimentaire qui ont présenté leur stratégie climat, et une nouvelle génération d’acteurs qui veut révolutionner les systèmes alimentaires.

Être neutre en carbone ou nourrir tout le monde, un choix à faire ?

La jeunesse héritant de cette planète doit maintenant faire preuve de créativité et d’idéalisme pour construire un nouveau business model durable pour l’alimentation et l’agriculture.

La première industrie agroalimentaire à intervenir est Impossible Food représentée par Rebekah Moses qui produit de la nourriture habituellement d’origine animale comme la viande à partir de plantes. Il est souligné que leur objectif n’est pas d’atteindre le zéro carbone net d’ici 2050 mais de produire des aliments à base de plantes à grande échelle pour réduire au maximum l’impact de l’alimentation des gens sur le climat. En effet, atteindre la neutralité carbone n’est pas leur principal objectif. Selon la représentante de la marque, pour nourrir tout le monde il sera difficile de s’enfermer dans une volonté de zéro carbone net. Encore une fois, leur objectif est de fournir une nourriture durable à grande échelle. De plus, le but n’est pas de réduire l’empreinte carbone à l’horizon 2050 mais beaucoup plus tôt (2035 ?) à l’aide d’alimentation à base de plantes, de programmes zéro déchet, etc.

Le soutien des consommateur·trice·s est nécessaire

Les multinationales ne doivent pas attendre que les consommateur·trice·s fassent le choix de changer leurs habitudes, elles doivent elles-mêmes rapidement changer leur mode de production. Selon Leah Bessa, co-fondatrice de Gourmet Grubb, nous avons les moyens de révolutionner l’agriculture de manière radicale et à grande échelle. Mais pour cela les consommateur·trice·s doivent soutenir ces initiatives car la compétition est rude avec les grosses industries de l’agroalimentaire qui produisent des aliments non durables. Sans le soutien des consommateur·trice·s, ces nouvelles entreprises alternatives ne peuvent pas lutter contre les autres marques qui détruisent la planète. Elles ont besoin d’un marché et d’une viabilité économique qu’elles ne peuvent atteindre que grâce aux acheteur·euse·s.

Cependant, d’après Anna Turrell, qui dirige le pôle environnement chez le groupe de supermarchés Tesco, on ne peut en aucun cas forcer le consommateur à acheter un produit particulier ; mais on remarque quand même que la vente des produits à base de plantes est déjà en nette augmentation. Afin de mettre en avant ces produits alternatifs, des stratégies sont mises en place dans les supermarchés, comme des aménagements particuliers dans les rayons, et des méthodes de sensibilisation. Il est important de faire preuve de transparence et de partager toutes les informations nécessaires aux consommateur·trice·s pour les encourager à acheter le bon produit. La mise en place de bases de données est donc un enjeu important pour ces marques. 

Les multinationales doivent soutenir leurs agriculteur·trice·s

Un autre enjeu de la transition dans l’agroalimentaire pour la réduction de l’empreinte carbone se situe au niveau des agriculteur·trice·s, qui ont besoin de soutien pour mettre en place des solutions alternatives et durables. La cofondatrice de Zafree Paper, Bethelhem Dejene, a alors demandé à Rebekah Moses (Impossible Food) et Laurent Freixe (Nestlé) leurs actions pour soutenir leurs agriculteur·trice·s. D’après Laurent Freixe, Nestlé a un cahier des charges exigeant avec des actions concrètes sur les questions de traçabilité, de durabilité, de droits de l’homme etc. Le groupe travaille notamment avec des jeunes entrepreneur·euse·s.

De son côté, Impossible Food cherche à réduire les monocultures et la pression de l’agriculture sur les sols en cherchant à travailler avec des agriculteur·trice·s qui utilisent des méthodes régénératives plutôt que des modes d’agriculture intensive. On peut ajouter que Beatriz Perez a souligné les efforts de Coca Cola dans le soutien d’une agriculture régénérative. De plus, la multinationale soutient aussi de nombreuses femmes agricultrices dans les pays en développement grâce à des formations, des ressources financières ou encore des outils pratiques pour la gestion des sols.

Faire de l’agriculture un rêve pour la jeunesse

Pour finir, le « champion du climat » de la CCNUCC pour la COP25 Gonzalo Monuz met en avant l’importance du dialogue sur le climat (à la différence d’un débat) qui permet d’avancer et de remettre les autres en question tout en les respectant. Le défi de la jeunesse est de rééduquer le monde avec des valeurs comme la protection des écosystèmes, l’attention, la régénération etc. Pour cela, il faut faire preuve de transparence et d’imagination pour mettre en place un programme innovant et donner envie aux jeunes de travailler dans l’agriculture. Ce secteur a besoin d’une nouvelle génération d’agriculteur·trice·s motivée à changer la norme dans les pays développés mais aussi dans les pays en développement.

Article rédigé par Cécile Tassel, bénévole au REFEDD, membre de l’équipe qui suit l’actualité en lien avec la COP26.

Intervenant·e·s de la conférence :

  • Aoife Brophy Haney, maître de conférences sur l’innovation et l’entreprise au département de recherche de Saïd Business School
  • Kaya Axelsson, responsable des politiques de neutralité carbone, Smith School of Enterprise and the Environment
  • Rebekah Moses, Responsable des stratégies de réduction d’impact à Impossible Food
  • Beatriz Perez, vice-présidente senior et directrice des communications et des affaires publiques, responsable de la durabilité et du marketing des actifs, Coca Cola
  • Laurent Freixe, PDG de la zone américaine, Nestlé 
  • Anna Turrell, Responsable environnement, Tesco
  • Bethlehem Dejene, Entrepreneuse et co-fondatrice de Zafree Paper 
  • Leah Bessa, Entrepreneuse et co-fondatrice de Gourmet Grubb 
  • Rufino Escasany, Agriculteur régénératif argentin et co-fondateur et directeur de Aspiring Citizens Cleantech
  • Kaluki Paul, Animateur – Afrique, Youth 4 Nature
  • Gonzalo Munoz, Champion chilien de haut niveau pour le climat de la CCNUCC pour la COP25

Une conférence organisée en collaboration avec :

Pour aller plus loin :

Pour revoir la conférence :

https://www.sbs.ox.ac.uk/oxford-answers/youth-setting-agenda-food-and-agriculture