L’acidification c’est grave ? Pas quand on met du citron dans son eau, mais oui quand les océans deviennent massivement plus acides. Le responsable est une fois de plus le gaz carbonique (CO2) des activités humaines. L’océan s’acidifie quand il l’absorbe et ce n’est bon ni pour les espèces marines, ni pour l’équilibre du climat, ni pour nous…
L’acidification de l’océan, ça veut dire quoi ?
L’acidification d’un liquide, c’est la réaction chimique qui le rend plus acide, et ça se mesure en pH avec les fameuses petites bandelettes qui changent de couleur et qu’on manipule en cours de SVT au collège ! Les scientifiques utilisent des instruments de mesure plus précis pour mesurer l’acidité de l’océan. Heureusement, l’eau de mer n’a pas encore le goût d’un citron pressé, mais son pH se modifie régulièrement depuis longtemps. Et c’est assez pour poser de sérieux problèmes.
Acidification de l’océan ? Encore le CO2 !
Une des grandes qualités de l’océan, c’est qu’il absorbe naturellement le CO2 de l’atmosphère, le stocke et le réutilise. Le plancton végétal et les algues s’en nourrissent, les animaux s’en servent pour construire leur squelette calcaire ou leur coquille, et une grande partie du CO2 finit stockée au fond des océans, pour des centaines voire des milliers d’années, au fur et à mesure que les espèces vivantes meurent et coulent.
Jusqu’ici, tout va bien.
Le problème est que depuis 1850, en gros le début de l’ère industrielle, l’océan en a absorbé des centaines de millions de tonnes de plus qu’auparavant. Un tiers du gaz carbonique (CO2) produit par la combustion du charbon et du pétrole a fini (et finit toujours) dans l’océan. Et ça fait beaucoup plus de carbone que l’océan ne peut en recycler.
Cet excès de CO2 modifie lentement, mais sûrement, l’équilibre chimique de l’océan. Depuis 1850, l’acidité a tout de même augmenté de 26 %.
Acidification : les animaux à coquille en première ligne
L’acidité accrue de l’océan modifie l’équilibre entre les différentes formes de carbone, et l’une d’elles, le carbonate, devient moins disponible. Or, pas de chance, c’est la brique qui sert aux animaux marins pour fabriquer leur coquille calcaire.
Pour les récifs coralliens, c’est la cata. Ces récifs ne sont pas seulement de jolis abris de calcaire. Ils sont composés de milliers de colonies d’animaux qui les fabriquent pour se protéger. Or, ces êtres vivants résistent mal à l’acidification de leur habitat (ni à son réchauffement et à la pollution, d’ailleurs). Quand les colonies meurent, il ne reste que la partie calcaire qui blanchit. La majeure partie des animaux et des végétaux font leurs bagages, dans l’espoir de retrouver un lieu protecteur. Et, en même temps, les 500 millions de personnes dans le monde, qui vivent de la richesse des récifs coralliens, sont privés de leurs ressources.
Autres victimes : les micro-organismes à squelette calcaire. Ils sont invisibles, mais pèsent très lourd dans la chaîne alimentaire. Ils appartiennent au plancton qui représentent 98 % de la biomasse de l’océan. Autant dire qu’ils sont indispensables à toutes les espèces marines. Et que leur sort nous concerne tous.