Nos deux ateliers “jeunesse et biodiversité” au sommet mondial de la jeunesse de l’UICN

À l’occasion du sommet mondial de la jeunesse de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), des jeunes d’une dizaine de pays nous ont parlé de leur engagement pour la biodiversité. 

2021, une année importante pour la biodiversité

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature devrait tenir son congrès mondial à Marseille, du 3 au 11 septembre 2021. Le congrès, 26e du nom, devrait réunir plus de 1 300 organisations représentant les gouvernements, la société civile et les peuples autochtones. Elles tâcheront de définir ensemble les actions prioritaires de conservation de la nature. En amont, l’UICN organisait du 5 au 16 avril son sommet mondial de la jeunesse, entièrement en ligne. Le mot d’ordre : « La nature, notre avenir ». Plus de 10 000 jeunes du monde entier se sont connecté·e·s à quelque 220 événements favorisant l’apprentissage, les échanges et le renforcement de l’engagement des mouvements de jeunesse pour la nature et le climat. 

Deux ateliers pour réfléchir sur l’action des jeunes pour la biodiversité

CliMates, les Jeunes Ambassadeurs pour le Climat et le REFEDD ont organisé deux ateliers participatifs dans le cadre de ce sommet mondial, les 7 et 8 avril. Ils ont regroupé 70 jeunes d’une dizaine de pays francophones. Les participant·e·s ont pu échanger des moyens par lesquels la jeunesse peut agir en faveur de la biodiversité. Les deux ateliers, en lien direct avec les Objectifs de développement durable (ODD) 14 et 15 de protection de la faune et de la flore aquatiques et terrestres, s’inscrivaient par ailleurs dans la semaine étudiante du développement durable (SEDD).

La discussion était structurée autour de trois thématiques proposées aux participant·e·s. Quelle est leur perception de la biodiversité et des services écosystémiques ? Quel regard portent-il·elle·s sur l’ampleur de l’érosion de la biodiversité et sur la place qu’occupe cette dernière dans le débat public ? Enfin et surtout, comment s’engager en tant que jeune : quel positionnement adopter, par quels caneaux agir et comment faciliter l’engagement ? Les échanges, riches, ont été retranscrits en dessin et en direct par la graphiste Marguerite Boutrolle. La synthèse des deux ateliers intégrera le rapport du sommet de la jeunesse. 

Une jeunesse engagée pour la biodiversité

Les participant·e·s ont témoigné de leur engagement personnel. Celui-ci se  traduit pour beaucoup par leurs choix d’études, souvent scientifiques : biologie et écologie, gestion des forêts et territoires tropicaux, etc. Plusieurs participant·e·s sont engagé·e·s dans des associations locales, souvent en lien avec la sensibilisation des publics scolaires. Parmi les plus âgé·e·s d’entre eux·elles (l’IUCN définit comme « jeunes » les personnes âgées de moins de 35 ans), certain·e·s travaillent dans l’administration territoriale et essaient d’intégrer les problématiques de biodiversité dans les politiques locales. Il ressort de ces parcours que la prise de conscience puis le passage à l’action chez les jeunes sont déclenchés par des informations majoritairement obtenues par des démarches personnelles, davantage que par le système éducatif ou par les médias. 

La lucidité des jeunes face à l’ampleur du péril et l’inaction qu’il suscite

En effet, les participant·e·s témoignent d’un certain isolement dans leur engagement, fruit du décalage très net qu’il·elle·s percoivent entre les menaces liées à l’érosion de la biodiversité et l’inaction des dirigeant·e·s et l’indifférence de leur entourage. Lucides, les participant·e·s n’en étaient pas moins surpris·e·s par certains faits ou chiffres concernant l’ampleur de la destruction anthropique, rappelés par les animatrices des ateliers.

Il·elle·s regrettent que les questions de biodiversité ne soient pas prises au sérieux, ou alors de manière superficielle et sensationnaliste, en se focalisant sur quelques mammifères emblématiques par exemple. Il·elle·s décrivent une pensée non-systémique, que trahissent à la fois les difficultés à appréhender les relations complexes de causes à effets de la perte de la biodiversité, et le déni quant aux transformations sociétales nécessaires. Interrogé·e·s sur le futur, ils sont nombreux à anticiper un désastre, celui d’une biodiversité perdue et de jeunes générations lésées, en colère. Sur un ton plus optimiste, il·elle·s évoquent aussi la fin d’une séparation délétère entre l’humain et l’environnement, une “reconstruction initiée et à continuer”, et des solutions concrètes.

Des idées d’actions pour protéger la biodiversité

Les deux ateliers ont permis de comparer les moyens d’action en faveur de la biodiversité. Les participant·e·s restent très attaché·e·s aux leviers institutionnels, des négociations internationales aux méthodes de démocratie participative locale. Beaucoup s’accordent sur la nécessité d’une sensibilisation et d’une action intergénérationnelles, qui ne déchargent pas  l’entière responsabilité sur les jeunes ni ne culpabilisent les générations plus âgées. Mais les participant·e·s invoquent également les voies de l’activisme (manifestations, boycotts, etc.) et celles des actions de terrain, notamment en milieu rural, par exemple la création d’îlots résilients. 

Des freins à lever pour l’engagement des jeunes

Les jeunes font état de difficultés à donner à leur engagement une portée à la hauteur des enjeux de biodiversité. Ils ont besoin que leur engagement associatif et professionnel en faveur de l’environnement soit bien plus valorisé. Ils ont également besoin de plus de financements, pour démultiplier leur impact. Enfin, certains jeunes font le constat d’une forme d’isolement dans leur action, qui pourtant devrait s’intégrer dans une dynamique globale pour parvenir aux résultats escomptés. Ironiquement, les organisations internationales qui tentent d’organiser la conservation de la nature depuis les années 1970 le font elles-mêmes de manière plutôt cloisonnée, comme en témoignent les nombreuses conventions sur le sujet : Convention de Ramsar de 1971, relative aux zones humides, Convention du patrimoine mondial de 1972, Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) de 1973, ou encore Convention sur la diversité biologique de 1992.

Jeunesse et biodiversité, un rendez-vous à ne pas manquer !

Il est à souhaiter que le partage de ces constats permette de renforcer les engagements des jeunes et aboutisse à des avancées concrètes dès le congrès mondial de l’UICN, du 3 au 11 septembre 2021. 

Deviens Jeune Délégué·e pour la Biodiversité et participe aux négociations internationales !

Enfin, pour amplifier la participation des jeunes aux négociations internationales pour la biodiversité, les JAC, CliMates et le REFEDD, en collaboration avec le Ministère de la transtion écologique, recrutent un·e Jeune Délégué·e (JD), âgé·e·e de 18 à 25 ans. Il·elle participera, au sein de la délégation française, aux négociations encadrées par la Convention pour la Diversité Biologique (CDB). CV et lettre de motivation sont à envoyer à : jd.biodiversite@gmail.com

Article rédigé par Gabriel Goll.