Un toit avant tout certes, mais parfois on aimerait ne plus supporter le radiateur électrique de son proprio qui torture notre conscience tant il consomme. Ni notre chasse d’eau qui nous laisse imaginer que la France ne fait pas partie des pays développé, quand on ne voit pas la différence entre le bouton économie d’eau et le classique. Ni la chaudière à gaz, ni les fenêtres qui n’isole pas, ni… Bref il nous tarde de vivre un confort dôté d’un équipement qui ne contredit pas nos principes. C’est-à-dire intégrer une éco-habitation : une habitation respectueuse de l’environnement qui s’intègre dans les valeurs du développement durable.
Concevoir une maison bioclimatique, c’est construire une habitation qui va être capable de tirer profit du climat et de son environnement, sans avoir à lutter contre ces derniers.
Quelques définitions du vocabulaire de l’éco-habitation
- Bioclimatique : Se dit d’un habitat dans lequel la climatisation est réalisée en tirant le meilleur parti du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l’air.
- Eco-habitation : Bâtiment adapté au climat et à l’environnement dans lequel on souhaite l’insérer faite avec des matériaux locaux.
- Déperditions : Pertes de chaleur d’un local ou d’un bâtiment vers l’extérieur ou d’un local vers des locaux non chauffés.
- Inertie : Propriété de la matière qui fait que les corps ne peuvent d’eux-mêmes modifier leur état de mouvement.
- Enduit : Préparation blanche ou colorée, pâteuse ou semi-fluide, destinée à être appliquée en couche continue
L’intérêt d’un logement écologique
Sur l’ensemble de la population, le temps moyen passé à l’intérieur du logement est de 16,2 heures par jour, 15 heures chez les 20-29 ans. Le logement est donc un secteur à ne pas négliger quand on entame le chemin d’un mode de vie alternatif, plus respectueux de notre planète. On estime que l’habitat serait responsable à lui seul de 25 % des émissions de gaz à effet de serre (50 % selon Pierre-Gilles Bellin, président de la Fondation pour la défense du vivant Arca Minore). Vous allez découvrir au cours de cet article que les solutions pour éviter cette pollution font souvent appel à des techniques « anciennes », inventées parfois bien avant que l’école soit obligatoire. Et oui, les gaulois étaient certainement plus écolo que nous … ! Mais la question n’est pas de savoir si le changement est bon ou mauvaise. Cette fois ci, elle doit être : « comment change-t-on de mode de vie sans réduire notre confort ? ».
Il faut surtout comprendre qu’il n’y a pas un modèle d’éco-habitation unique mais, au contraire, que chaque terrain habitable peut être modulé selon des techniques d’éco-habitation, car elles relèvent d’une réflexion en amont (degré d’ensoleillement, conditions météorologiques etc.).
Principalement l’écohabitat s’axe autour de solutions plus ou moins connues, c’est-à-dire :
- le solaire passif (l’énergie solaire captée à l’intérieur des pièces par les fenêtres ou des baies vitrées est ensuite absorbée par les murs, les planchers et les meubles, puis diffusée ensuite sous forme de chaleur),
- le solaire photovoltaïque (les panneaux solaires avec des cellules photovoltaïques),
- le solaire thermique (l’énergie thermique du rayonnement solaire dans le but d’échauffer un fluide),
- l’éolien domestique,
- la géothermie (utilisation de la chaleur du sol),
- le chauffage au bois,
- l’étude (c’est-à-dire choisir les solutions les plus adaptées à sa parcelle),
- la récupération de l’eau de pluie,
- un bon usage des déchets organiques,
- les matériaux de constructions,
- les composants intérieurs.
Les matériaux de construction utilisés pour des éco-habitats
Les constructions modernes sont pour certaines dépourvues de bon sens : on construit vite, pour peu de budget mais souvent au mépris de la durabilité de l’habitat. Or la bonne respiration d’une maison est primordiale ,car la plupart de l’humidité est produit depuis l’intérieur de la maison contrairement aux idées reçues. Son origine provient de la transpiration des habitants, des plantes vertes, des sanitaires, de la cuisine etc.
Pour identifier les matériaux écologiques et adaptés à la construction, nous devons donc comprendre ce qu’est un bon isolant ainsi que les bases de fonctionnement de la structure d’une maison. Un isolant, nous dit Futura-Science, se dit d’un matériau, d’un corps non conducteur de l’électricité, de la chaleur. Il limite les échanges d’énergies entre deux systèmes. Plus sa résistance thermique sera importante, plus ce dernier conservera la chaleur. Sa qualité viendra aussi de sa capacité à durer dans le temps et à permettre l’évacuation de l’humidité.
L’environnement extérieur, l’élément à prendre en compte
C’est-à-dire :
- L’orientation
- Le climat
- L’architecture
Aucune maison en France ne peut, à ce jour, être rendue habitable grâce à une seule énergie, il faut donc identifier les différents éléments naturels dont on peut le plus tirer parti sur son terrain. Il est important de bien cerner les caractéristiques principales du milieu dans lequel se situe notre maison. De là, une étude détaillée doit être réalisée et, en fonction du budget, on peut trouver une combinaison technologique la plus adaptée. Par moment, les solutions touchent plus au bon sens qu’à la recherche de nouvelles technologies. Par exemple une orientation vers le sud des vitrages permet une meilleure captation de la chaleur : « En moyenne, on peut retenir les pourcentages suivants pour une maison bioclimatique : le vitrage au sud représentera 50 % du vitrage total, l’est et l’ouest représenteront environ 20 % chacun (sachant que ces deux orientations sont toutes deux déficitaires en chaleur), tandis que les ouvertures au nord seront limitées à 10 % du total. ».
La science, elle, nous aidera à comprendre que le triple-vitrage permet d’optimiser les qualités du verre. « Et pour éviter les déperditions toujours plus importantes dans les châssis que sur les vitrages eux-mêmes, on privilégiera des fenêtres de grande taille, pour en limiter le nombre. ». Il est vrai que, sur le long terme, investir dans des énergies renouvelables est bénéfique car elles sont gratuites et inépuisable mais l’installation reste aujourd’hui très couteuse. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’un écohabitat vise à réduire le plus possible ces pertes énergétiques. L’écohabitat, si c’était une personne, serait qualifiée d’être radine, pragmatique et citoyennement concernée. Aujourd’hui, on parle donc « triple vitrage », « isolation de tout châssis », « isolant » et « étanchéité » car toutes les pertes sont des additions de détails à prendre en compte.
L’eau de pluie, l’autre élément naturel de l’éco-habitation
En France, nous consommons en moyenne 165 litres d’eau par jour, tout usage confondu… soit 60 225 litres sur l’année. Il ne s’agit pas de déplorer nos ingérences sur notre consommation d’eau mais de prendre conscience que l’eau de qualité est un élément rare et qu’il n’est donc pas nécessaire de l’utiliser pour des besoins non vitaux. Dans la vie quotidienne, beaucoup de nos comportements ne nécessitent pas d’eau potable, notamment la chasse d’eau, le nettoyage des sols ou encore l’arrosage.
Il y a à ce jour une solution très répandue pour récupérer nos eaux de pluie (plusieurs systèmes existent, leur différence se trouvent surtout dans le traitement ou l’acheminement de l’eau) : les gouttières, qui déversent l’eau directement dans des cuves de stockage. Bien entendu la cuve doit être composé d’un matériau inerte à l’eau et fermée. Si le terrain vous le permet, il vaut mieux privilégier des cuves enterrées afin de préserver l’eau de la chaleur et des risques de contamination bactériologique. La distribution se fait ensuite généralement par un système de pompage.
Un bon usage des déchets domestiques
Le modèle des habitant.e.s de la ville de San-Francisco aux Etats-Unis est le plus représentatif d’une bonne gestion du tri des déchets : trois poubelles, l’une pour les déchets recyclables, une autre pour les déchets organiques (qui représente environ 30% de la quantité de déchets produits) et une dernière pour tout le reste et qui, dans l’idéal, est la moins remplie.
Il est conseillé d’avoir une petite poubelle pour les déchets organiques, de façon à la vider régulièrement et que ces derniers puissent entamer un cycle de décomposition dans un compost. Pour que la transformation s’opère, il faut des déchets secs et humides, ayant un accès à l’air libre, car l’oxygène est nécessaire à leur décomposition. Le compost doit aussi être humide, autrement le processus qui vise à transformer nos déchets organiques en engrais naturel, se stoppera. La transformation du compost prend entre 6 et 18 mois.
Etre en accord sur l’aménagement intérieur
Ces dernières années en plus de la pollution de l’air extérieur, on s’est mis à nous parler de la pollution de l’air intérieur, devenue l’une des premières luttes de santé publique puisqu’elle provoque de nombreuses maladies respiratoires. Le formaldéhyde, aussi appelé méthanal, est placé en tête parmi les composés responsables de cette pollution. Il se présente sous forme d’un gaz incolore avec une odeur âcre et se situe dans :
- l’oxydation photochimique des composés organiques volatils (COV) d’origine naturelle (méthane, isoprène…) dans la troposphère,
- le métabolisme de la majorité des organismes vivants qui en produit de faibles concentrations en tant qu’intermédiaire,
- les bactéries, les algues, le plancton et la végétation,
- l’irradiation solaire des substances humiques présentes dans l’eau,
- la combustion de la biomasse (feux de forêts…),
- les premiers stades de décomposition des résidus végétaux dans le sol.
Parmi les autres sources de polluants, on trouve aussi :
- les polluants biologiques
- les polluants chimiques (avec le monoxyde de carbone (CO), des COV (composé organique volatil, le plomb ou encore les phtalates)
- les particules et les filtres,
- les gaz radioactifs
- l’humidité
- le manque de renouvellement de l’air
Données du Bureau de l’Efficacité et de l’Innovation Énergétiques. © Julia Chartier pour Écohabitation
Cela dit, on identifie plusieurs matériaux naturels qui permettent un habitat sain et respectueux de l’environnement :
- la chaux : deux grandes caractéristiques font d’elle un matériau d’intérêt : d’abord elle est perméable à la vapeur d’eau et étanche à l’eau. Elle a aussi des propriétés bactéricides (c’est-à-dire une capacité à détruire les bactéries), tel un désinfectant pour maison. On la trouve principalement sous deux formes : hydrauliques, composé d’argile et de calcaire et aérienne, constitué principalement de calcaire avec une prise à l’air libre. De plus, la chaux est dite « élastique », elle s’adapte aux mouvements du support et permet de limiter l’apparition de fissures sur les façades. Contrairement au ciment, elle retourne lentement à son état d’origine et sera donc biodégradable.
- le bois : c’est bien entendu un matériau naturel, il est caractérisé dans la construction pour son manque d’inertie thermique (il fera chaud en été et froid en hiver en gros), sa nature respirante qui régule l’humidité (il est dit hygroscopique puisqu’il peut « aspirer l’humidité ») et sa durabilité.
- la ouate de cellulose.
- la laine de bois : fabriquée à partir de papier recyclé, elle est considérée comme l’un des isolants les plus écologiques. La matière première (souvent des journaux invendus) ne coûte pas cher et sa fabrication nécessite peu d’énergie : 6 kWh/m³, contre 150 kWh/m3 pour la laine de verre et 1 000 kWh/m3 pour les polyuréthanes. Et ses qualités sont remarquables, même s’il faut compter un peu plus d’épaisseur qu’avec une laine minérale pour une performance égale. Ce qui en fait l’isolant le plus utilisé aujourd’hui dans l’écohabitat. Il faut une douzaine d’heures à la chaleur pour la traverser (contre trois pour une laine minérale), ce qui lisse les aléas météorologiques et permet d’éviter les grosses chaleurs en été. Elle est fabriquée à partir de chutes de bois auxquelles on ajoute un liant minéral (on peut aussi l’utiliser « à sec », en se servant uniquement la lignine, c’est-à-dire la sève, comme liant) afin de créer une sorte de pâte, pour produire des panneaux de diverses épaisseurs. La laine de bois est un remarquable isolant, phonique et thermique ; elle protège aussi bien contre le froid que contre le chaud. Elle est perspirante et favorise la régulation hygrométrique. Elle possède par conséquent les mêmes qualités que le bois citées précédemment.
- le chanvre : doté d’une faible conductivité thermique, le chanvre est un excellent isolant ! Autre qualité : il absorbe l’humidité de l’air, qu’il restitue quand l’atmosphère est trop sèche, sans perdre son pouvoir d’isolation. La construction en chanvre utilise la chènevotte, une partie de la fibre, autrement dit le bois de la plante. Le chanvre est relativement facile à mettre en œuvre. C’est aussi une matière première qui pousse très rapidement donc facilement renouvelable. La France est d’ailleurs le premier producteur d’Europe de chanvre !
- l’argile (notamment la terre cuite) : le principal intérêt est d’être auto-isolant. La brique monomur en terre cuite ne contient ni solvant ni liant ; elle ne libère aucun composé organique volatil. Elle ne présente pas de risques de moisissures, d’autant qu’elle absorbe cinq fois moins d’eau que d’autres types de murs.
- la pierre : la pierre se retrouve dans la construction depuis très longtemps, chaque région possède son style de pierre, c’est un matériau local qui exprime une certaine identité architecturale. La pierre possède une bonne résistance thermique, il est cependant important qu’elle comprenne un isolant « en sandwich » dans un mur à cause de l’humidité
- la paille : La technique dite « Nebraska » consiste à empiler les bottes de paille, sans ossature, celles-ci servant à la fois de murs porteurs et d’isolants. Seules quelques tiges de métal ou de bois sont plantées à la verticale pour fixer l’ensemble. Les murs en paille sont alors recouverts de chaux à l’extérieur et de terre à l’intérieur. On trouvera alors une grande capacité d’isolation de la paille compressée, thermique et phonique.
Les matériaux cités ci-dessus peuvent être qualifiés d’écologiques du fait de leur production respectueuse de l’environnement. Le chanvre est le grand champion de cette catégorie puisque ce dernier en tant que plante absorbe du CO2 lors de sa croissance.
Par contre, dans la catégorie des perdants on risque de trouver un des matériaux les plus répandus : le béton, essentiellement constitué du ciment, dont la production serait responsable de 5 % des émissions de gaz à effet de serre, alors que ce dernier pourrait bien souvent être remplacé par de la chaux ou de l’argile.
On peut aussi retenir qu’il est possible de réfléchir à des murs en double-ossature, composé de 2 matériaux différents. Bien entendu une construction Normande faite à partir de bois argentin ne pourrait pas qualifier d’écologique, il est important de prendre en compte la fabrication et les caractéristiques de chaque matériau mais il faut aussi se tourner vers du local.
Aussi les peintures d’intérieurs peuvent être polluantes, du fait qu’elles contiennent des solvants organiques toxiques (sur chaque pot une étiquette indique sa catégorie). Cependant il ne faut pas être trop naïf quant à leur réel impact (même quand les peintures sont certifiées bio, il vaut mieux laisser la pièce s’aérer plusieurs heures après leurs poses). La substitution de solvants organiques par l’eau et d’autres solvants moins volatiles permet de diminuer, voire de supprimer l’émission de vapeurs.
Il est de même avec les produits d’entretiens, où « le formaldéhyde a été retrouvé dans 91% des produits testés et certains produisent des aérosols organiques secondaires qui représentent un grand nombre de particules de petite taille bien que peu importants en termes de masse, et qui pourraient représenter de véritables enjeux sanitaires. »
Et voilà comment notre maison se transforme en véritable écohabitat ! Du choix des matériaux utilisés pour construire les murs, jusqu’à nos produits d’entretien. Pas mal de réflexion certes, mais n’oubliez pas : « Je pense, donc je suis ».
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Article rédigé par Jeanne Héraut.
Sources :
Le site ecohabitation.com
Le site notreplanète.info
Le forum biohabitat.com
Ecop-habitat et le site de l’association Ecohabiter
L’institut de veille sanitaire
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