Retour sur l’afterwork des métiers de l’agriculture urbaine

Comment travailler dans les milieux agricoles ? 

Le  jeudi 23 février, un afterwork mettant en lumière les métiers de l’agriculture urbaine et rurale a clos le forum des métiers en ligne. Marthe, Caroline et Margaux ont pu parler de leur quotidien, tout en abordant des questions philosophiques et politiques liées à l’agriculture. 

Œuvrer en milieu rural ou urbain ? 

Marthe, en service civique, et Caroline, responsable de site à Paris, travaillent toutes les deux dans l’association Veni Verdi. Veni Verdi est une association vieille de 12 ans qui emploie 25 personnes. L’association a pour but de sensibiliser les divers publics (scolaires ou en entreprise) aux enjeux environnementaux, alimentaires et sociaux via des ateliers pratiques en jardin. Veni Verdi compte aujourd’hui neuf jardins potagers, principalement situés sur des toits de collèges à Paris. 

Margaux est fondatrice et coordinatrice de l’association Happy Cultors basée en Dordogne. Née il y a quatre ans, l’association compte aujourd’hui 4 salarié.e.s et 170 adhérent.e.s. L’objectif de Happy Cultors est de créer du lien en co-construisant des ateliers autour du vivant auprès de divers publics. Le projet associatif cumule à la fois une pépinière participative ainsi qu’un projet de ferme pédagogique. Margaux le résume d’ailleurs ainsi : “agriculture urbaine, en milieu rural dans nos village”. 

Des profils divers et variés

Cette table ronde a permis de découvrir différents points d’entrées pour travailler dans l’agriculture. 

Caroline était  freelance dans le milieu de la mode pendant plusieurs années avant de se reconvertir. Afin d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour évoluer dans le milieu agricole, Caroline a suivi la formation de l’école Du Breuil à Paris. Elle en a appris beaucoup sur le maraîchage et les techniques culturales, avec un accès sur le urbain et périurbain. 

Margaux s’est également réorientée, mais plus tôt dans son parcours. Après une licence de droit, elle est allée en Amérique du Sud pour un projet d’écovolontariat. À la suite de cette expérience, Margaux a continué ses études vers le master bioterre de la Sorbonne. Une fois diplômée, Margaux a réalisé plusieurs expériences de wwoofing (vivre et apprendre dans des fermes paysannes). Puis après un bref passage au RESES en tant que service civique, Margaux a entrepris un tour de France des projets agricoles afin de continuer de se former et définir son projet qui a débouché sur Happy Cultors. En parallèle de ces expériences, Margaux a suivi des formations à distance : avec la Ferme de Sainte Marthe et Ferme d’Avenir. 

Caroline et Margaux préconisent de mener des formations pour avoir un socle solide de connaissances et compétences pour mener à bien son exploitation et tous les “ à-côtés”, souvent oubliés alors qu’ils restent chronophages : la gestion de projet, planification, la vente, gestion financière etc. Il est aussi possible selon elles de se former ponctuellement ou de mettre à profit d’autres compétences acquises au préalable. En effet, Caroline confie utiliser des techniques apprises en couture pour la gestion de son jardin. Cependant pour Margaux, ces formations ne mettent pas assez en avant les questions d’ergonomie. 

Lire sur les sujets agricoles  et mener des expériences restent des moyens tout à fait intéressant pour commencer dans ce domaine, comme le montre Marthe. 

Benjamine de la table ronde, Marthe a un parcours d’autodidacte. Le woofing a également été un moyen pour elle de découvrir le milieu agricole. Alors en année de césure après une classe prépa, Marthe a eu des expériences dans différents types de projets agricoles : ruraux, urbains, en collectif, avec des fermier.e.s seul.e.s etc. Souhaitant tout de même continuer ses études en lettres, Marthe continuait pendant son temps libre d’être bénévole dans différents projets agricoles, tout en complétant ses expériences par des lectures sur ces thématiques. Souhaitant mener une expérience plus longue avant la fin de ses études, Marthe a donc décidé de réaliser un volontariat en service civique dans ce domaine, et s’est donc rapprochée de Veni Verdi.

Les joies et les difficultés du quotidien

Évoluer dans le domaine agricole n’est pas facile, et ce pour plusieurs raisons. Pour Margaux, qui a monté son projet en collectif, la plus grande difficulté est de ne pas s’oublier dans le collectif et savoir faire et vivre ensemble efficacement. Elle rejoint également Caroline qui témoigne, plaintive, du temps passé à rechercher des financements, le “nerf de la guerre”. Aussi, cette dernière a mis en avant les problématiques au fait d’évoluer en milieu urbain : la résistance de certains partenaires face à (l’évidente) catastrophe écologique. 

Marthe ayant évolué au sein de différents modèles agricoles, elle a remarqué des éléments très négatifs comme l’isolement et la difficulté physique du métier. Marthe a également témoigné des éléments plus agréables observées comme le fait d’évoluer en collectif et de pouvoir . 

D’autres joies quotidiennes ont été évoquées comme la possibilité d’échanger avec des publics divers, de voir les écosystèmes évoluer et s’enrichir, d’avoir l’impression d’apprendre tous les jours auprès de la nature, de voir la société civile agir et tout simplement, d’avoir du plaisir au travail.

Volet ergonomie et prise de confiance en ses capacité physique n’est pour Margaux pas assez abordés… d’où les installations en collectifs qui permettent l’entraide. 

Comment concilier la vie personnelle et professionnelle ? 

Nous avons l’image de l’agriculteur.rice.s isolé.e.s et épuisé.e.s qui ne compte pas ses heures. Si ce modèle-là existe, ce n’est pas le seul !

Comme le montre l’exemple de Margaux avec Happy Cultors, il est possible de monter une exploitation en collectif. Ce qui permet de mieux se relayer la semaine, de pouvoir avoir des week-ends et des vacances et surtout de partager les peines du quotidien. Mais attention à bien poser ses limites personnelles et ses besoins avant de s’installer en collectif. Il est également possible de construire son système agricole à l’image de ses besoins personnels, comme l’illustre le modèle  de “micro-agriculture bio-intensif” du canadien Eliot Coleman. 

Il est également possible de travailler dans des structures où les revenus ne dépendent pas du rendement, mais d’ateliers pédagogiques par exemple. C’est le cas de Veni Verdi qui en raison de son modèle économique, peut salarier des personnes, leur fournir des vacances régulières et des week-ends. 

Comment permettre à la nouvelle génération d’évoluer dans les milieux agricoles ? 

Pour les trois intervenantes, engager les plus jeunes sur ces sujets passe par des choix politiques puis des choix financiers. Mais aussi, en changeant les imaginaires :  montrer que ces métiers peuvent se faire dans la joie, dans différents milieux et en collectif  puis mettre en avant des systèmes agricoles alternatifs, plus petits,  plus en lien avec les envies et les vies sociales en sortant de la vision industrielle de l’agriculture. 

Par ailleurs, dans un futur souhaitable, tout le monde pourrait avoir un lien avec l’agriculture pour éviter que l’alimentation ne repose que sur un petit nombre de personnes. En effet, en reprenant la philosophie de la permaculture, chaque fonction doit être assurée par plusieurs éléments et chaque élément assurer plusieurs fonctions. 

Pour les intervenantes, quiconque peut évoluer dans les milieux agricoles, l’important est de se faire confiance, de s’écouter et de tester. Dès lors, n’hésitez pas à devenir bénévole dans l’une des associations mentionnées !

Pour en savoir plus ;