La fiction climatique, petite introduction

Aujourd’hui, on va parler d’un genre littéraire un peu méconnu, mais clairement dans l’air du temps, la fiction climatique, ou cli-fi pour les intimes. Si vous voulez des conseils pour vous lancer dans la lecture des classiques de la science-fiction plus généralement, vous en trouverez ici, ici et ici


La fiction climatique, c’est quoi ? C’est un néologisme inventé par un journaliste américain en 2008 pour qualifier un sous-genre de la science-fiction. Le lecteur ou la lectrice y est plongé.e dans un monde où la crise climatique et écologique a atteint un stade ultime et où la question de la survie de l’humain sur la planète se pose. Les œuvres de cli-fi accordent une grande place à l’environnement, mais elles tracent surtout un lien direct entre activités humaines et changements climatiques. Ce genre remonte aux années 60 avec des romans tels que Le Monde Englouti ou Sécheresse de James G. Ballard (1962 et 1964) ou encore Le Monde vert de Brian Aldiss (1962). 

Ce genre littéraire cherche à éveiller les consciences à l’aide de récits apocalyptiques, dénonçant la surexploitation de la nature et l’absence de réaction adaptée face aux changements climatiques. L’objectif est d’exposer l’ampleur de la crise environnementale et civilisationnelle pour mobiliser les consciences

La fiction climatique peut aujourd’hui constituer une arme efficace pour les défenseur.euses de l’environnement, en utilisant le récit et de la littérature. En peuplant désormais les imaginaires, la question climatique devient de plus en plus difficile à ignorer. Les récits, parce qu’ils permettent de donner vie à des concepts et de s’identifier aux personnages, peuvent entraîner un changement des mentalités individuelles et collectives et possèdent donc un pouvoir de mobilisation

Les œuvres de cli-fi offrent en effet une lecture différente des longs rapports du GIEC, des chiffres et des statistiques difficilement compréhensibles : elles donnent tout simplement à voir ce que serait un monde à +4°C, et agissent sur un levier qui n’est pas rationnel mais émotionnel

Les fictions climatiques ne prétendent bien sûr ni prédire fidèlement l’avenir ni être des écrits à valeur scientifique mais permettent de mobiliser les consciences d’une nouvelle manière. 

Quelques conseils de lecture

  • La fille automate, de Paolo Bacigalupi (2009)

L’auteur dépeint un futur proche où la pénurie des ressources fossiles et la montée du niveau des océans ont radicalement modifié la géopolitique mondiale. La maîtrise de la bio-ingénierie est devenue le nerf d’une guerre industrielle sans merci. Dans ce décor, l’auteur raconte l’histoire d’Emiko, une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices d’un homme d’affaires de Kyoto. 

  • The Water Knife, de Paolo Bacigalupi (2015)

L’auteur décrit, dans un contexte de sécheresse apocalyptique liée aux activités humaines, la lutte qui oppose les États du Sud-Ouest américain pour l’accès à l’eau de la rivière Colorado. 

  • Une histoire des abeilles, de Maja Lunde (2017)

Au travers de trois chroniques familiales qui se déroulent à des époques différentes, l’auteure retrace l’histoire de l’apiculture et de la disparition des abeilles. Dans la troisième partie, dystopique, elle raconte comment les humains sont contraints de polliniser la nature à la main. 

  • Exodes, de Jean-Marc Ligny (2012)

Le réchauffement climatique s’est emballé au point que la Terre devient une planète hostile à la vie. Partout la civilisation s’effondre, et les humains n’en ont plus pour longtemps. L’auteur relate l’histoire de différents personnages qui tentent de s’en sortir : une petite élite mondiale vit fastueusement sous quelques dômes totalement coupés du reste de l’humanité, une jeune femme se plonge dans la religion, d’autres se laissent aller à la violence…

  • Le dernier homme, de Margaret Atwood (2003)

Le récit se déroule dans un monde dévasté à la suite d’une catastrophe écologique sans précédent, où se combinent des conditions climatiques aberrantes, des manipulations génétiques délirantes et un virus foudroyant qui a presque détruit l’humanité. Le héros, Snowman, est confronté à d’étranges créatures génétiquement modifiées et programmées et à des animaux hybrides. 

  • Sauvez-vous, de Gaëtan Noël (2019) 

Le dernier survivant de l’humanité, un anthropologue, se confie sur les dramatiques événements qui ont accompagné le réchauffement climatique et sur une rencontre qui pourrait bien bouleverser tout ce qu’il pensait connaître de l’humanité…

  • Carbon diaries 2015, de Saci Lloyd (2012) 

C’est un roman jeunesse de science-fiction. L’histoire se passe au Royaume-Uni, premier en Europe à rationner le CO2 pour cause de crise environnementale après la Grande Tempête. Plus de voiture pour aller faire ses courses ou travailler, les vols annulés ou réservés à une élite, plus de chauffage, de climatisation, de bains chauds, de musique téléchargée, ni d’heures passées devant l’ordinateur ou pendu à son téléphone portable… Chaque citoyen dispose d’un quota de CO2 à ne pas dépasser.  La romancière relate la vie devenue infernale de la famille Brown à travers les yeux de Laura, 16 ans, qui confie à son journal intime ses aventures. 

  • Terre Lointaine de Pierre-Yves Touzot (2008)

Cette fable écologiste débute sur l’éveil d’un personnage, ne connaissant ni son identité ni son passé, dans une forêt peuplée de créatures étranges et familières à la fois. Il tente alors de survivre et de comprendre ce qui s’est passé durant son sommeil. L’auteur présente à travers un voyage dans le passé, le présent et l’avenir toutes les théories et données scientifiques permettant de prendre la mesure de la crise environnementale

Des alternatives et des futurs possibles

  • Ecotopia, d’Ernest Callenbach (1975) 

L’auteur y décrit des États de la côte ouest américaine qui se sont séparés du reste des États-Unis pour retrouver une vie à l’écart du productivisme. Cette société privilégie les formes d’organisation décentralisées et réappropriées collectivement, les technologies maîtrisables comme les énergies renouvelables… Le recyclage est généralisé, le travail fortement réduit, la créativité individuelle encouragée, la taille des villes est limitée, etc.

  • Les Dépossédés d’Ursula Le Guin (1974)

Le roman met en contraste deux planètes : Urras, où l’abondance semble régner, mais sous une forme très matérialiste, prédatrice sur les ressources naturelles, au profit de la classe possédante ; et sa lune Anarres, qui a choisi un autre modèle, basé sur des principes libertaires, coopératifs, d’autogestion. La rareté des ressources oblige à un usage très économe, contraignant mais démocratiquement accepté. 

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Sources :

Article rédigé par Marion, notre Animatrice réseau à Lille.