La délégation du RESES est actuellement présente à la COP 27 pour suivre les négociations, transmettre et vulgariser ce qu’il s’y passe afin que vous puissiez décrypter les enjeux et les avancées tout au long de l’événement, du 6 au 18 novembre.
Le contexte
La COP 27 s’est ouverte hier à Charm-el-Cheikh sous la présidence de l’Etat égyptien. Les pressions et les attentes qui pèsent sur cet événement sont colossales compte tenu de la situation actuelle et des prévisions catastrophiques de la communauté scientifique : 2,5 degrés d’ici la fin du siècle, loin de l’objectif ambitieux de l’Accord de Paris de 1,5 degrés. Cette COP a fait aussi l’objet de tous les débats, avant même son lancement, en raison de son partenariat controversé avec Coca Cola, premier pollueur plastique mondial, ainsi que de multiples affaires de bafouement des droits humains de militant.e.s en Egypte. Événement mondial incontournable pour les négociations climatiques, elle essuie également de nombreuses critiques concernant la lenteur des décisions, le manque de réactivité face aux enjeux environnementaux et l’indifférence des Etats. L’absence du président chinois Xi Jinping, alors que la Chine est le premier pays émetteur de gaz à effet de serre, en est un exemple criant et symbolique.
La présidence égyptienne souhaite mettre l’accent sur des thématiques qui concernent le continent africain, qui subit de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique (sécheresses intenses, pluies erratiques, insécurité alimentaire, érosion des sols, etc…), l’adaptation, la finance climat et les pertes et dommages. Les pays du Sud payent le lourd tribut pour une contribution moindre aux émissions de gaz à effet de serre mondiales. On estime la part des 54 pays africains à 3% contre 80 % pour les pays du G20. Pour autant les promesses sont loin d’être tenues, comme il en prévaut pour le versement des 100 milliards pour pouvoir aider les pays en développement à faire face au changement climatique, repoussé à 2023.
Les enjeux du continent Africain dans le cœur de la COP
La justice climatique est au cœur des préoccupations avec une COP africaine, notamment autour des pertes et dommages. De nombreuses conséquences du dérèglement climatique sont irréversibles et l’atténuation ou l’adaptation au cours des crises ne peuvent pas les résoudre. Ces derniers mois, les exemples des inondations meurtrières du Pakistan ayant fait plus de 1700 décès ainsi que de la sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique soulignent l’importance de ce débat. Cette question a donc été ajoutée à l’ordre du jour de l’agenda officiel des discussions de Charm-el-Cheikh alors qu’elle ne devait faire l’objet que d’un dialogue jusqu’en 2024. En effet, de nombreux pays en développement demandent un soutien financier spécifique, sujet épineux, dont la réussite des négociations représente une clé pour le succès de la COP 27.
Prédictions du GIEC : réduction drastique des émissions de carbone
Le Pacte de Glasgow est un accord pris à la fin de la COP 26 où les Etats signataires s’engagent à réduire de manière progressive les énergies fossiles. C’est également la première fois que la mention de sortie des énergies fossiles est évoquée. Malgré cette avancée, la réalité concrète de cet engagement reste improbable au regard de la trajectoire prise par les Etats. Le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) alerte la communauté internationale sur l’éloignement des politiques publiques face aux engagements de l’Accord de Paris et de la trajectoire vers un réchauffement insoutenable de 2,8 degrés d’ici 2100. Les Contributions Déterminées au niveau National (NDCs) qui devaient être renforcées et mises à jour par les Etats sont insuffisantes et cette déception cache à peine le sentiment d’une année gâchée après Glasgow. Le troisième chapitre du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), volet politique, appelle à des mesures drastiques et propose des solutions pour réduire les émissions. Actuellement, vingt-quatre pays membres ont mis à jour leurs NDCs pour la COP 27. La France fait partie du groupe de l’Union européenne dont la NDC ambitionne de réduire de 55% les émissions, sans pour autant s’être alignée sur cet objectif.
Une implementation COP
La position de l’Etat egyptien pour la COP 27 est de désigner celle-ci comme une COP de mise en œuvre, de passage à l’action. Cette approche est en réalité difficilement réalisable au vu des programmes de travail et des échéances, notamment du Bilan Mondial, le premier à paraître, pour la COP 28 qui aura lieu à Dubaï. Ces négociations vont surtout constituer un point de passage et de partage. Pour autant, un accord pourrait être trouvé concernant les marchés carbones (Article 6 de l’Accord de Paris) à la suite de la COP 26 et des Intersessions à Bonn en juin 2022 (SB56) auxquelles une délégation du RESES avait pris part. Un marché carbone peut permettre l’échange de “crédits carbone” entre des Etats et/ou entreprises pour compenser des émissions trop importantes. Ce mécanisme pose question puisque son efficacité est limitée. De plus, le risque de se détourner de l’effort de sobriété est non négligeable et des menaces pèsent sur les droits des communautés locales et des peuples autochtones.
Des articles thématiques vont être postés régulièrement pour suivre l’actualité de la COP 27 grâce à la délégation du RESES. On vous invite également à consulter la page Instagram du RESES, sur laquelle la délégation communique quotidiennement.
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Article rédigé par Maia