Un groupe de travail au ministère sur l’enseignement des enjeux environnementaux dans le supérieur

Suite aux nombreuses mobilisations des étudiant.e.s et des acteur.trice.s de l’enseignement supérieur à la fin de l’année 2019, le Ministère de l’Enseignement Supérieur a mis en place un groupe de travail pour réfléchir à l’intégration des enjeux environnementaux dans les formations du supérieur.

Le contexte

Au printemps dernier, le think tank The Shift Project avait publié un rapport mettant en lumière le retard de l’enseignement supérieur français quant à la prise en compte des enjeux écologiques dans les formations. À la suite de ce rapport, de nombreuses voix se sont fait entendre : étudiant.e.s, professeur.e.s, chercheur.euse.s, et acteur.trice.s de l’enseignement supérieur ont signé de nombreuses tribunes appelant les pouvoirs publics à lancer une réflexion sur l’intégration de ces enjeux dans l’enseignement supérieur.

Suite à ce rapport et à ces mobilisations, 80 député.e.s de tous bords déposent une proposition de loi pour généraliser l’enseignement des enjeux liés à la préservation de l’environnement et aux changements climatiques. À travers 20 articles, cette proposition de loi a notamment pour objectif de modifier le Code de l’éducation et les autres textes réglementaires pour y intégrer la responsabilité des établissements en termes d’enseignement des enjeux liés au changement climatique.

Une coalition d’organisations de jeunesse, dont le REFEDD, a soutenu cette proposition pour la rendre visible et pour demander au gouvernement de s’en saisir. Ce soutien s’est exprimé particulièrement par le dépôt d’une contribution à la Convention Citoyenne pour le Climat, et par l’organisation, le 19 décembre dernier, de la journée Make Our Lessons Green Again : une journée entière de cours intégrant les enjeux environnementaux, à l’ENS à Paris.

Suite à cette journée, des portes-paroles de la coalition jeune ont été reçu.e.s au Ministère de l’Enseignement Supérieur (MESRI). Il paraît alors assez clair que le gouvernement ne se saisira pas de cette proposition de loi. Néanmoins, le Ministère décide de mettre en place un groupe de travail dédié à l’intégration des enjeux environnementaux dans les formations de l’enseignement supérieur.

Le groupe de travail

Ce groupe de travail, créé en janvier 2020, est présidé par Jean Jouzel et réunit plusieurs parties prenantes de l’enseignement supérieur : Conférence des Présidents d’Université, Conférence des Grandes Écoles, Entreprises pour l’Environnement et représentant.e.s étudiant.e.s (la Fage, l’UNEF, le Collectif pour un Réveil Écologique et le REFEDD).

Il est important de noter qu’au sein de ce groupe de travail, les représentant.e.s étudiant.e.s, avec les organisations de jeunesse, travaillent ensemble et veulent parler d’une voix commune. Ils.elles portent deux grand axes d’action pendant ces groupes de travail :

  • La nécessité d’un socle commun obligatoire, pour tou.te.s les étudiant.e.s. Ce socle doit être transversal parce qu’il devra aborder les enjeux actuels non seulement dans leur bilan (climatique, sur la biodiversité) mais aussi dans la perspective d’une société future, écologique, sociale et résiliente.
  • La nécessité de l’intégration de ces enjeux dans toutes les formations spécialisées, quelles qu’elles soient, et pas seulement dans les formations plus directement ciblées par ces enjeux. Il faut que chaque étudiant.e se rende compte en quoi sa future profession va avoir un rôle à jouer dans la transition écologique.
    Pour ça, nous privilégions l’idée d’une approche par compétences : pour que chaque étudiant.e intègre les compétences dont il.elle aura besoin dans sa future profession pour construire une société écologique, sociale et résiliente.

Il est nécessaire aujourd’hui que non seulement le monde de l’enseignement supérieur ouvre les yeux sur l’urgence climatique, mais aussi que toute la société prenne conscience de la situation actuelle et future.

Où en est-on dans les réflexions ?

Le but de ce groupe de travail est de présenter un premier rapport d’ici mai/juin 2020, avec des premières mesures mises en place dès la rentrée 2020. D’autres mesures seront également mises en place sur le long-terme.

Les premiers échanges sont plutôt positifs et prometteurs, avec de bonnes idées qui en ressortent. Toutefois, il nous faudra rester vigilant.e.s, et nous assurer que tout ce travail sera réellement mis en œuvre, qu’il débouchera sur des mesures concrètes et ambitieuses.

Cette initiative est donc prometteuse, et certainement un pas dans la bonne direction. Mais sa réussite dépend entièrement de la volonté des parties prenantes et de la façon dont le Ministère mettra en œuvre les mesures proposées par ce groupe de travail.

En attendant, nous continuerons à nous mobiliser, pour montrer l’importance des ces enjeux qui nous concernent tou.te.s. Nous serons notamment mobilisé.e.s les 13 et 14 mars prochain pour demander aux élu.e.s d’agir à la hauteur de l’urgence. Nous montrerons aussi l’engagement du monde étudiant pendant la Semaine Étudiante du Développement Durable !

Si vous aussi vous souhaitez vous mobiliser et soutenir l’intégration des enjeux environnementaux dans l’enseignement supérieur, vous pouvez organiser votre propre journée Make Our Lessons Green Again (MOLGA) dans votre établissement ! Pour cela, vous pouvez utiliser notre guide d’organisation MOLGA 🙂

Enfin, pour appuyer le plaidoyer du REFEDD auprès des institutions de l’enseignement supérieur, les résultats de notre Consultation Nationale Étudiante, pour laquelle nous avons recueilli plus de 50 000 réponses, seront annoncés le 16 mai pendant nos RENEDD !